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LE CHRETIEN FACE A LA MAGIE ET AU MARABOUTAGE

Nul n’ignore que nos chrétiens ont une foi ambivalente, parfois, c’est un syncrétisme mitigé. Ce que l’on pouvait taxer de magique n’est aux yeux de certains, autre chose que la mise en oeuvre des forces naturelles placées à la disposition des hommes, par DIEU, pour le renforcement de la vie humaine. Beaucoup se donnent bonne conscience et jouent avec le feu sans y prendre garde.
Nous-mêmes, pendant longtemps, avons cru à une connexion purement africaine de faits dûment rationnels. Le Seigneur nous a donné la grâce d’y voir clair.

1. Rien que des Faits

Au IVème siècle, l’Évêque d’Hippone, Saint Augustin fulminait contre ses chrétiens dont la foi ne résistait pas aux pratiques ancestrales, coutumières, traditionnelles, efficaces contre les mauvais sorts, les maladies, les succès etc.
Écoutons-le : « la grande foule pensait : deux assurances valent mieux qu’une. Leurs âmes avaient peut-être soif de DIEU, mais leur chair pas encore, et leur cœur non plus. Quand ils étaient en souci pour leur argent, leurs bêtes, l’eau et le vin, ils oubliaient DIEU et imploraient Jupiter, Mercure, la déesse du ciel et je ne sais quels démons et princes de ce monde »

« Deux assurances, valent mieux qu’une ».
Cette assertion, les chrétiens des 1ers siècles l’useront à leur profit. Ceux d’aujourd’hui n’en font pas moins ; profondément enracinés dans leur paganisme coutumier, ils ont du mal à épouser la seigneurie du Christ (cf. Col. 1).
Bon nombre de chrétiens recourent aux marabouts, aux pratiques magiques ésotériques, pour soit disant aider DIEU, en pensant, selon l’adage courant, qu’il faut s’aider pour que le ciel vous aide.
Beaucoup et parmi les fidèles, pratiquent la divination, le jeu de cauris dédoublés de sacrifices (comme si celui du Christ n’était pas plénier). Les problèmes existentiels, censément accrus dans nos couches sociales, poussent les uns et les autres à rechercher des protections multiples, garantir sa place, voler de succès en succès, trouver un emploi, un mari, une femme, guérir les maladies devenues mystère pour la médecine occidentale, délivrer les personnes sujettes à des envoûtements, des empoisonnements, ou à des possessions diaboliques voire d’autres maléfices insoupçonnés (rendre stérile, bloquer la chance...etc.). Tout cela nécessite consultations, maraboutage ou recours aux pratiques magico fétichistes. Devant de telles attitudes, Saint Augustin devenait virulent, écoutons-le encore :
« Des ivrognes, des avares, des escrocs, des joueurs, des adultères, des débauchés....des gens fous de théâtre, qui attachent à leurs membres des amulettes, des magiciens, des astrologues, toutes les espèces inimaginables, de devins et autres gens du même acabit, et des hommes qui s’appellent chrétiens, tiennent à cela, pratiquent cela, l’approuvent, le recommandent et entraînent d’autres à en faire autant. Ce sont eux la masse pervertie qui remplit corporellement les Églises »2.

2. Ce qu’il faut éviter
a) Les Marabouts

Les « vrais Karamoko » (Maîtres Spirituels) ne « travaillent » pas. Ils prient. Ils ont « bu au vin de la science et de la sagesse », comme dirait A. H. BAH. Tous ceux qui opèrent avec des versets coraniques font du maraboutage, et ce n’est pas DIEU qu’ils invoquent, ils bénéficient des services d’un esprit. C’est peut-être le lieu de taire le grossier mensonge de répartition des esprits en bons et mauvais. Il n’y a pas de bons esprits. Tous les esprits sont maléfiques. Ils usent d’artifices et tiennent enchaînés ceux qui ont recours à eux.

b) Les Guérisseurs magiciens

A ne jamais confondre avec les tradipraticiens qui soignent au moyen des plantes uniquement. Toute incantation proférée sur les plantes fait appel à des esprits qui agissent en deçà des plantes. Le tout s’accompagne généralement de sacrifices.

c) Les Sectes guérisseuses

Elles se servent du nom de Jésus, mais opèrent avec les esprits. Parfois, elles commanditent les mânes des ancêtres. L’utilisation des psaumes par mode magico - spiritiste n’a aussi qu’une seule fin : l’efficacité.
Toutes ces pratiques sont de réelles déviances. Elles sont aussi vieilles que les religions et ont pour but de détourner les hommes de l’objet de leur adoration (DIEU) qui ne peut être appréhendé. L’unique attitude devant DIEU étant la louange, l’imploration et l’adoration, dans une confiance absolue et une remise de notre être à sa sainte volonté. Nous n’avons pas parlé de rites ésotériques importés, encore moins de rites sataniques dont la seule évocation remplissent nos cœurs d’amertume,

3. Ce qu’il faut savoir
a) Le Monde du Numineux
II comprend : L’être suprême ou DIEU
Les ancêtres
Les génies

L’être suprême dans le monde religieux africain est souvent inaccessible. Etre personnel reconnu en lui-même comme créateur du ciel et de la terre et de tous les éléments qui les composent. Pour l’atteindre on passe par ses intermédiaires.
Les ancêtres : Ce sont les anciens du clan, de la tribu ou de la famille, dont la présence est active par le culte qui leur est rendu.
Ils constituent la courroie de transmission des vœux du village ou de la famille auprès de DIEU, pour un prompt exhaussement et l’établissement de l’équilibre social ou familial, pour lequel on a recours à eux. Les sacrifices qui y sont pratiqués relèvent de la coutume ou de la tradition et n’ont aucune valeur négativiste à relents magico - fétichistes (chez les susu spécifiquement).
Les Génies : Ils occupent parfois une place importante. Ce sont des êtres, invisibles et puissants, toujours doués de personnalité pouvant éventuellement revêtir des formes matérielles pour se faire connaître des hommes. Par eux, l’homme peut faire aboutir ses desseins. Ils exigent des sacrifices qui peuvent aller jusqu’à la renonciation à son être propre.

b) De la Cosmogonie
Cette cosmogonie comprend :
Le surnaturel
La surnature, ou préternaturel
La nature

• Le surnaturel est le monde de DIEU et des anges ainsi que de tous ceux qui sont associés à Sa Vie. Éjectés du paradis, Satan et ses démons, vivent en enfer et appartiennent aussi à ce monde surnaturel. Personne ne peut y accéder sans connaître la mort.
• La surnature ou préternaturel est le lieu où DIEU et ceux à qui II le permet, peuvent rentrer en contact avec les hommes, par le mode du songe, de la prophétie DU des visions.
Satan aussi jouit de ce pouvoir et rentre en contact avec ceux qui le désirent ou le subissent, par le mode de la voyance, des visions, du rêve, du maraboutage, de la sorcellerie, du spiritisme et d’autres pratiques magiques.
A ce niveau on parlera souvent de double-vue. Elle est absolument nécessaire pour rendre compte des réalités de la surnature (la sorcellerie par exemple).
• La nature c’est ce qui existe- Ce qui nous entoure, qu’on voit, qu’on touche, qu’on sent.
Que personne ne nous abuse donc. Il faut l’avouer : la sorcellerie existe, les génies existent, les oppressions diaboliques existent, le maraboutage, les envoûtements, les mauvais sorts sont des faits qui, prenant leur essence dans le préternaturel, ont des effets visibles au niveau de la nature, sur des êtres vivants.
Les solutions à nos problèmes par mode de magie (noire ou blanche) ou encore par le biais des fétiches ont toutes leurs origines dans le préternaturel.
Satan est un esprit puissant, doué d’intelligence et de volonté funeste, ayant sous sa coupe, multiples esprits mauvais dont le but est inexorablement celui de nous tromper et de nous attacher à lui, par mille fibres qui ne sont, somme - toute, que des liens sataniques.

4. Ce qu’il faut davantage savoir

Les faits des esprits mauvais sont nettement définis dans les Évangiles et Jésus eut à opérer sans cesse des délivrances et des guérisons sur des sujets assujettis. Souvent il a offert, comme preuve de son messianisme, l’expulsion des démons (Le. 11,20 ; 7,21 ; Mt.8, 16). Jésus a confié à son Église le pouvoir de résister et d’annihiler toutes forces qui ne confessent pas son Saint Nom (MC. 16, 15-18).
Mais ce ministère ne se résume pas seulement à délivrer et à défaire des liens. S’il combat un « être vivant et spirituel, perverti, pervers, et pervertisseur, c’est surtout pour donner vie à des ossements desséchés, pour transfuser dans un organisme exsangue, la vie de DIEU, le Sang du Christ, le souffle de l’Esprit, dans une démarche de conversion, de recours à l’amour de Jésus »3.
« Le point essentiel de la prière de délivrance n’est pas Satan. Satan n’est pas notre centre » : intérêt, mais plutôt l’action de miséricorde, de salut et de puissance de Jésus, Sauveur et Seigneur qui s’accomplit dans celui qui est sous l’emprise démoniaque. C’est pourquoi Jésus a donné à tous ceux qui croient en son Nom le pouvoir et l’autorité : et chasser les démons et « de fouler toute la puissance de l’Ennemi sans que rien ne puis¬se leur nuire (Luc 10,19). L’Église participe donc à la victoire du Christ sur le diable en déliant du péché et en exerçant le ministère de la délivrance, par le Nom, le Sang et la Croix de .Jésus. Il n’y a donc pas, selon l’Évangile, d’accomplissement total du salut de l’homme s’il n’est pas arraché au pouvoir des ténèbres (Coi. 1,13) »
Tous ceux qui vivent sous l’emprise du diable (oppression ou possession diabolique), tous ceux qui ont concocté des liens avec les esprits, au moyen de pratiques occultes, dites ancestrales, traditionnelles,... tous, ont besoin du ministère de la délivrance, pour retrouver leur dignité de Fils de DIEU ou d’amis de Jésus.

5. Solutions Proposées

II faut assurer dans chaque diocèse, un ministère de la délivrance. Un prêtre exorciste et des équipes de délivrance, composées de prêtres, religieux et laïcs inspirés par le Seigneur au service de ce charisme.
Il y à certes un danger de replâtrage de la « mentalité magico-fétichiste » avec l’usage des objets bénis et l’invasion de sacramentaux... mais l’essentiel sera sauf, si le ministère est assuré dans l’unique souci d’évangéliser. Les signes du Christ avaient ce but. C’était des signes non-chose, puisque au delà d’eux-mêmes ils faisaient appel à la foi, à la conversion (se détourner de ... pour se tourner vers).

CONCLUSION

Notre intention est d’aider nos chrétiens à ne pas croire d’une manière et à agir d’une autre. La Seigneurie de Jésus est globale et totale. Mais on ne se sert pas de Jésus. On vit de lui, dans l’intime adhésion à sa personne et à sa Parole. On marche avec lui, sous la mouvance de son Esprit qui peut sembler absent ou impuissant, quand tout chavire. Mais du fond de la barque (de ma nuit d’angoisse, de défaite, de maladies, de mort) une voix sourd en moi : « Homme de peu de foi, pour¬quoi doutes-tu ? (Mt. 14,31)
Viens Seigneur Jésus
Viens au secours de mon manque de foi

D’après le père Joseph Emmanuel CORREA – Archidiocèse de Conakry Rep. GUINÉE
1 & 2. Van Der Meer. St. Augustin Pasteur d’âme T.I - Edition Alsatia - P.109
3 &4 . Jean Pliya - discours d’ouverture à la session internationale sur la délivrance - Ouidah (BÉNIN) 1996
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