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L’INITIATION TRADITIONNELLE DIOLA

L’INITIATION TRADITIONNELLE DIOLA EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA FOI EN CHRIST JESUS ?

Contribution de abbé Jules Pascal COLY, vicaire à la cathédrale de Saint-Louis sur l’incompatibilité entre l’initiation traditionnelle diola et la foi chrétienne.

« Que chacun prenne garde à la manière dont il y bâtit. De fondement, en effet, nul ne peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire Jésus Christ. Que si sur ce fondement on bâtit avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, de la paille, l’œuvre de chacun deviendra manifeste ; le jour, en effet, la fera connaître, car il doit se révéler dans le feu, et ce feu qui éprouvera la qualité de l’œuvre de chacun » 1co3, 10-13

« Le Christ tel que vous l’avez reçu, Jésus le Seigneur, c’est en lui qu’il vous faut marcher, enracinés et édifiés en lui, appuyés sur la foi telle qu’on vous l’a enseignée… » Col2, 6

« Efforce-toi de te présenter à Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a pas à rougir, un fidèle dispensateur de la parole de vérité. Quant aux discours creux et impies, évites-les. »2tim2, 15-16

Dans un peu plus de deux (2) mois, précisément à partir du 12 juin 2010, un événement drainant une foule immense dans le fogny, appelé initiation traditionnelle diola, va se dérouler dans le Sud du Sénégal, dans le département de Bignona. Tandis que certains parmi les chrétiens s’y préparent activement, d’autres, en raison de leur foi en Christ, ont décidé de ne pas y prendre part. Et dans ce méli-mélo, plusieurs voix se sont élevées quant à la participation ou non d’un disciple du Christ à ces cérémonies. Si pour les uns, il n’y a aucun mal que le chrétien y participe, pour les autres un véritable disciple du Christ n’a pas à s’approcher de cette initiation traditionnelle diola. Qu’en est-il véritablement ?

Pour notre part, nous annonçons d’emblée que nous sommes du camp de ceux qui trouvent incompatible la foi chrétienne avec l’initiation traditionnelle diola en son état actuel. C’est pourquoi nous nous offusquons au plus haut point lorsque nous entendons surtout des pasteurs d’âmes, des curés de paroisses, des vicaires généraux encourager des amis, des parents, des fidèles à s’y rendre. D’où tiennent-ils leurs arguments ? De la parole de Dieu, notre unique constance, qui se trouve dans la Bible ? Nous aimerions savoir. Qu’ils donnent les passages bibliques qui le conseillent afin que nous guérissions de notre ignorance.

En mettant notre contribution sur internet, nous avons voulu en même temps donner aux défenseurs de l’autre camp un droit de réponse à partager aussi sur le net, s’ils en ont le courage. Nous trouvons cela meilleur que de parler en petits cercles, et souvent sans aucun argument biblique ou théologique. Jusqu’à la preuve du contraire, nous les savons honnêtes. Alors nous espérons qu’ils nous répondront sur la toile avec des arguments bibliques ou théologiques et en signant leur contribution.

Notre contribution ne s’appuiera que sur la Parole de Dieu dans la Bible. Il nous sera loisible toutefois avant de l’exposer de faire un petit détour sur les arguments du camp opposé au nôtre pour les passer au feu purificateur de la Parole de Dieu.

Auparavant, nous voudrions dire à nos confrères prêtres que nous sommes libres d’avoir nos opinions personnelles sur tout sujet de la société et de l’Eglise, mais que nous n’ignorions jamais que c’est la Parole de Dieu, rien que la Parole de Dieu qui doit être dite lorsque nous nous adressons à nos frères et sœurs. Et cette parole est éternelle comme le rappelle Jésus en Mc13, 31 en ces mots : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. »

Parmi les arguments que donne le camp de ceux qui jugent compatible la participation du chrétien à l’initiation traditionnelle diola, nous relevons, entre autres, le vécu de Jésus de sa tradition (sa circoncision (Lc2, 21), sa présentation au temple (Lc2, 22-28)) et la présence de prêtres à cet événement.

Pour eux, puisque Jésus a vécu sa tradition, tout chrétien se doit aussi de vivre sa tradition, dans un esprit d’imitation de Jésus Christ. En soi, à notre avis, il n’y a aucun mal à le faire. Mais ne faudrait-il pas d’abord chercher à savoir si cette tradition ou des rites de cette tradition sont compatibles à la foi chrétienne ?

Pour ce qui concerne la circoncision de Jésus, rien dans la Bible ne nous montre qu’elle est opposée à la foi en Dieu Père. Quant à sa présentation au temple, l’offrande réclamée par la Loi du Seigneur d’un couple de tourterelles ou de jeunes colombes (cf. Lc2, 24) était véritablement destinée au Seigneur. « Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur » Lc2, 23.

 

Peut-on en dire autant de TOUS LES SACRIFICES qui sont faits avant, pendant et après l’initiation traditionnelle diola ? Entre autres sacrifices, ceux des animaux le sont-ils pour le Dieu de Jésus Christ ? Par ailleurs les futurs initiés sont-ils amenés dans la forêt dans le but d’être présentés au Seigneur comme ce fut le cas pour Jésus lors de sa présentation au temple ? Aucun bon sens relatif à notre foi chrétienne ne nous donne de répondre par l’affirmative. Alors, à notre avis, s’appuyer sur l’argument de l’imitation de Jésus Christ qui a vécu sa tradition pour demander aux chrétiens d’aller à l’initiation traditionnelle diola n’est ni solide ni sérieux.

Quant à l’argument de la présence de prêtres au « bois sacré », peut-on dire que ces derniers le font au nom de l’Eglise ? Si oui, qui les a mandatés ? Leur évêque, un dicastère romain ? Nous pencherons, pour notre part, pour une autre réponse : c’est en leur propre nom qu’ils s’y rendent. Car dans aucun de nos cours théologiques ou dans notre méditation des textes sacrés, nous n’avons rencontré des allusions encourageant à aller au nom de l’Eglise communier à une autre table. Si ces prêtres nous disent le contraire, ce serait intéressant qu’ils citent leurs sources qui encouragent cette communion aux deux tables. La Parole de Dieu sur ce point est très explicite : « Fuyez l’idolâtrie » 1Co10, 14, « Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons, vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur et à la table des démons. »1Co10, 21

En outre, ce n’est pas parce que des prêtres ont pris part à l’initiation traditionnelle diola que c’est l’Eglise qui les y a envoyés. L’Eglise peut-elle d’ailleurs inviter à prendre part à un événement contraire à ses textes sacrés ? Bien sûr que non. D’où la pertinence de l’appel de saint Paul dans sa lettre aux Colossiens : « Prenez garde qu’il ne se trouve quelqu’un pour vous réduire à l’esclavage par le vain leurre de la « philosophie », selon une tradition toute humaine, selon les éléments du monde, et non selon le Christ. » Col2, 8

Alors l’argument de la présence de prêtres à ces cérémonies d’initiation traditionnelle diola ne saurait suffire à un véritable chrétien pour sa participation à ces rites.

Le premier argument de même que le second ci-dessus mentionnés ne sont donc pas solides, à notre avis, pour étayer la compatibilité entre la foi chrétienne et l’initiation traditionnelle diola en son état actuel. Que le camp adverse trouve donc d’autres arguments pour convaincre !

Vu avec un œil non averti, il n’y a aucune faute pour un chrétien, un disciple du Christ, de participer à cette initiation traditionnelle diola. Car il s’y agira d’instruire l’homme diola à une bonne tenue dans la société, à la bravoure, aux vertus et aux valeurs culturelles diolas. Si ce n’était cela qui s’y passe et rien d’autre, cette démarche, il faut le reconnaitre, serait à saluer et à encourager. Ce n’est malheureusement pas le cas. Les personnes averties le savent bien.

Dans nos traditions africaines, tout grand événement connait un avant, un pendant et un après et la tradition diola ne fait pas exception. Au cours de ce grand événement, tout comme avant et après celui-ci, des sacrifices sont TOUJOURS offerts (qui peut le nier ?). Pour qui le sont-ils ?

Aux yeux de l’Eglise et de son véritable fidèle, il n’y a point de doute : ils le sont pour une autre puissance et non pour Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Et même si d’aventure, des voies chrétiennes se levaient pour dire que c’est pour Dieu que ces sacrifices sont offerts, ne seront-elles pas en porte-à-faux avec la Parole éternelle de Dieu qui a révélé, à propos de sacrifice, que le Christ, venu parfaire la loi (cf. Mt5, 17-18), a fait l’unique et dernier sacrifice qui plait au Père et qu’il n’y a plus d’autres sacrifices à faire ? (cf. col2, 14 ; he2, 17 ; he8, 6-7, he10, 10). Bien sûr que oui. Alors nous martelons de nouveau que la foi chrétienne est incompatible avec l’initiation traditionnelle diola en son état actuel. Y prendre part, c’est ramer à contre courant de notre Seigneur Jésus qui révéla qu’on ne peut servir deux maitres (cf. Lc16, 13) et que celui qui n’est pas avec lui est contre lui (cf. Mt12, 30).

Avec saint Paul également, notre foi chrétienne peut affirmer de nouveau l’opposition entre une vie chrétienne et la fréquentation du « bois sacré » : «Ce qu’on immole, dit l’apôtre, c’est à des démons et à ce qui n’est pas de Dieu qu’on l’immole. Or je ne veux pas que vous entriez en communion avec les démons» 1Co10, 20.

Alors, à la lumière de la parole de Dieu avec tous ces passages ci-dessus invoqués, où se trouve la compatibilité de notre foi chrétienne avec l’initiation traditionnelle diola ? Nulle part !

 

Par ailleurs comment se fait-il que, pour quelque chose que d’aucuns disent compatible avec la foi chrétienne, avec Dieu donc, l’on parle de représailles des forces occultes si l’on refuse d’y prendre part ? Le Dieu de Jésus Christ, peut-il s’associer à des puissances qui nuiraient à sa créature préférée, l’homme, qu’il a crée par amour et à qui il a donné la liberté de choisir? Cela ne peut effleurer notre esprit. S’il y a donc une force qui cherche à réprimer et qui réussit malheureusement à le faire à certains lorsqu’ils ont refusé d’aller au « bois sacré », celle-ci, à coup sûr, n’a rien à voir avec notre Dieu et ne peut le confesser. Or qui ne confesse pas ce Dieu, confesse d’autres puissances. Qui peut prouver le contraire ?

Les missionnaires à Bignona et monseigneur Augustin SAGNA, évêque émérite du diocèse de Ziguinchor qui avaient interdit en 1968 (je n’étais pas encore né) à leurs fidèles de prendre part aux cérémonies de l’initiation traditionnelle diola avaient, à notre avis, vu juste. Parmi ceux qui ne s’étaient pas rendus dans la forêt, de nombreux témoins sont encore vivants. Beaucoup d’entre eux ont fondé des familles, réussi leur vie et aujourd’hui jouissent paisiblement de leur retraite. (Pour information, au plan mystique, aucune puissance maléfique ne peut nuire à quelqu’un si celui-ci n’a pas ouvert de brèches). Ces derniers, sont-ils moins « homme diola » que les autres qui sont rentrés dans le « bois sacré ». Nous ne le croyons pas.

Loin de nous l’idée de rabaisser l’initiation traditionnelle diola. Mais en son état actuel où des sacrifices sont offerts avant, pendant et après son déroulement, nous ne pouvons y participer ni encourager les fidèles chrétiens à y prendre part.

Ceci dit, des questions nous hantent l’esprit. Si l’initiation traditionnelle diola n’est organisée juste que pour enseigner les vertus et valeurs culturelles diolas, pourquoi attendre plusieurs années, plus d’une décennie, pour sa programmation ? L’organiser chaque année ou au maximum tous les trois ou cinq ans, ne serait-il pas plus judicieux pour doter l’homme diola d’un bagage culturel suffisant pour sa bonne tenue en société ? Les valeurs que la famille, l’école, l’Eglise et les divers lieux d’éducation ont données à l’homme diola de notre génération, ne sont-elles pas suffisantes pour savoir se tenir en société ? Si oui, pourquoi donc une autre initiation à la vie en société à notre âge? Si non, ceux de notre génération, ne sont-ils pas à blâmer pour n’avoir pas appris plus tôt les bonnes manières en société ?

Autant de questions qui connaitront peut-être un jour des réponses. En attendant, nous réitérons qu’une vie de véritable disciple du Christ ne peut aller de pair avec une fréquentation de l’initiation traditionnelle diola en son état actuel.

Vive Jésus Christ ! Vive la fidélité à la foi en Christ !

Abbé Jules Pascal COLY Vicaire à la cathédrale de Saint-Louis

Contribution de abbé Jules Pascal COLY, vicaire à la cathédrale de Saint-Louis sur l’incompatibilité entre l’initiation traditionnelle diola et la foi chrétienne.

« Que chacun prenne garde à la manière dont il y bâtit. De fondement, en effet, nul ne peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire Jésus Christ. Que si sur ce fondement on bâtit avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, de la paille, l’œuvre de chacun deviendra manifeste ; le jour, en effet, la fera connaître, car il doit se révéler dans le feu, et ce feu qui éprouvera la qualité de l’œuvre de chacun » 1co3, 10-13

« Le Christ tel que vous l’avez reçu, Jésus le Seigneur, c’est en lui qu’il vous faut marcher, enracinés et édifiés en lui, appuyés sur la foi telle qu’on vous l’a enseignée… » Col2, 6

« Efforce-toi de te présenter à Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a pas à rougir, un fidèle dispensateur de la parole de vérité. Quant aux discours creux et impies, évites-les. »2tim2, 15-16

Dans un peu plus de deux (2) mois, précisément à partir du 12 juin 2010, un événement drainant une foule immense dans le fogny, appelé initiation traditionnelle diola, va se dérouler dans le Sud du Sénégal, dans le département de Bignona. Tandis que certains parmi les chrétiens s’y préparent activement, d’autres, en raison de leur foi en Christ, ont décidé de ne pas y prendre part. Et dans ce méli-mélo, plusieurs voix se sont élevées quant à la participation ou non d’un disciple du Christ à ces cérémonies. Si pour les uns, il n’y a aucun mal que le chrétien y participe, pour les autres un véritable disciple du Christ n’a pas à s’approcher de cette initiation traditionnelle diola. Qu’en est-il véritablement ?

Pour notre part, nous annonçons d’emblée que nous sommes du camp de ceux qui trouvent incompatible la foi chrétienne avec l’initiation traditionnelle diola en son état actuel. C’est pourquoi nous nous offusquons au plus haut point lorsque nous entendons surtout des pasteurs d’âmes, des curés de paroisses, des vicaires généraux encourager des amis, des parents, des fidèles à s’y rendre. D’où tiennent-ils leurs arguments ? De la parole de Dieu, notre unique constance, qui se trouve dans la Bible ? Nous aimerions savoir. Qu’ils donnent les passages bibliques qui le conseillent afin que nous guérissions de notre ignorance.

En mettant notre contribution sur internet, nous avons voulu en même temps donner aux défenseurs de l’autre camp un droit de réponse à partager aussi sur le net, s’ils en ont le courage. Nous trouvons cela meilleur que de parler en petits cercles, et souvent sans aucun argument biblique ou théologique. Jusqu’à la preuve du contraire, nous les savons honnêtes. Alors nous espérons qu’ils nous répondront sur la toile avec des arguments bibliques ou théologiques et en signant leur contribution.

Notre contribution ne s’appuiera que sur la Parole de Dieu dans la Bible. Il nous sera loisible toutefois avant de l’exposer de faire un petit détour sur les arguments du camp opposé au nôtre pour les passer au feu purificateur de la Parole de Dieu.

Auparavant, nous voudrions dire à nos confrères prêtres que nous sommes libres d’avoir nos opinions personnelles sur tout sujet de la société et de l’Eglise, mais que nous n’ignorions jamais que c’est la Parole de Dieu, rien que la Parole de Dieu qui doit être dite lorsque nous nous adressons à nos frères et sœurs. Et cette parole est éternelle comme le rappelle Jésus en Mc13, 31 en ces mots : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. »

Parmi les arguments que donne le camp de ceux qui jugent compatible la participation du chrétien à l’initiation traditionnelle diola, nous relevons, entre autres, le vécu de Jésus de sa tradition (sa circoncision (Lc2, 21), sa présentation au temple (Lc2, 22-28)) et la présence de prêtres à cet événement.

Pour eux, puisque Jésus a vécu sa tradition, tout chrétien se doit aussi de vivre sa tradition, dans un esprit d’imitation de Jésus Christ. En soi, à notre avis, il n’y a aucun mal à le faire. Mais ne faudrait-il pas d’abord chercher à savoir si cette tradition ou des rites de cette tradition sont compatibles à la foi chrétienne ?

Pour ce qui concerne la circoncision de Jésus, rien dans la Bible ne nous montre qu’elle est opposée à la foi en Dieu Père. Quant à sa présentation au temple, l’offrande réclamée par la Loi du Seigneur d’un couple de tourterelles ou de jeunes colombes (cf. Lc2, 24) était véritablement destinée au Seigneur. « Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur » Lc2, 23.

Peut-on en dire autant de TOUS LES SACRIFICES qui sont faits avant, pendant et après l’initiation traditionnelle diola ? Entre autres sacrifices, ceux des animaux le sont-ils pour le Dieu de Jésus Christ ? Par ailleurs les futurs initiés sont-ils amenés dans la forêt dans le but d’être présentés au Seigneur comme ce fut le cas pour Jésus lors de sa présentation au temple ? Aucun bon sens relatif à notre foi chrétienne ne nous donne de répondre par l’affirmative. Alors, à notre avis, s’appuyer sur l’argument de l’imitation de Jésus Christ qui a vécu sa tradition pour demander aux chrétiens d’aller à l’initiation traditionnelle diola n’est ni solide ni sérieux.

Quant à l’argument de la présence de prêtres au « bois sacré », peut-on dire que ces derniers le font au nom de l’Eglise ? Si oui, qui les a mandatés ? Leur évêque, un dicastère romain ? Nous pencherons, pour notre part, pour une autre réponse : c’est en leur propre nom qu’ils s’y rendent. Car dans aucun de nos cours théologiques ou dans notre méditation des textes sacrés, nous n’avons rencontré des allusions encourageant à aller au nom de l’Eglise communier à une autre table. Si ces prêtres nous disent le contraire, ce serait intéressant qu’ils citent leurs sources qui encouragent cette communion aux deux tables. La Parole de Dieu sur ce point est très explicite : « Fuyez l’idolâtrie » 1Co10, 14, « Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons, vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur et à la table des démons. »1Co10, 21

En outre, ce n’est pas parce que des prêtres ont pris part à l’initiation traditionnelle diola que c’est l’Eglise qui les y a envoyés. L’Eglise peut-elle d’ailleurs inviter à prendre part à un événement contraire à ses textes sacrés ? Bien sûr que non. D’où la pertinence de l’appel de saint Paul dans sa lettre aux Colossiens : « Prenez garde qu’il ne se trouve quelqu’un pour vous réduire à l’esclavage par le vain leurre de la « philosophie », selon une tradition toute humaine, selon les éléments du monde, et non selon le Christ. » Col2, 8

Alors l’argument de la présence de prêtres à ces cérémonies d’initiation traditionnelle diola ne saurait suffire à un véritable chrétien pour sa participation à ces rites.

Le premier argument de même que le second ci-dessus mentionnés ne sont donc pas solides, à notre avis, pour étayer la compatibilité entre la foi chrétienne et l’initiation traditionnelle diola en son état actuel. Que le camp adverse trouve donc d’autres arguments pour convaincre !

Vu avec un œil non averti, il n’y a aucune faute pour un chrétien, un disciple du Christ, de participer à cette initiation traditionnelle diola. Car il s’y agira d’instruire l’homme diola à une bonne tenue dans la société, à la bravoure, aux vertus et aux valeurs culturelles diolas. Si ce n’était cela qui s’y passe et rien d’autre, cette démarche, il faut le reconnaitre, serait à saluer et à encourager. Ce n’est malheureusement pas le cas. Les personnes averties le savent bien.

Dans nos traditions africaines, tout grand événement connait un avant, un pendant et un après et la tradition diola ne fait pas exception. Au cours de ce grand événement, tout comme avant et après celui-ci, des sacrifices sont TOUJOURS offerts (qui peut le nier ?). Pour qui le sont-ils ?

Aux yeux de l’Eglise et de son véritable fidèle, il n’y a point de doute : ils le sont pour une autre puissance et non pour Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Et même si d’aventure, des voies chrétiennes se levaient pour dire que c’est pour Dieu que ces sacrifices sont offerts, ne seront-elles pas en porte-à-faux avec la Parole éternelle de Dieu qui a révélé, à propos de sacrifice, que le Christ, venu parfaire la loi (cf. Mt5, 17-18), a fait l’unique et dernier sacrifice qui plait au Père et qu’il n’y a plus d’autres sacrifices à faire ? (cf. col2, 14 ; he2, 17 ; he8, 6-7, he10, 10). Bien sûr que oui. Alors nous martelons de nouveau que la foi chrétienne est incompatible avec l’initiation traditionnelle diola en son état actuel. Y prendre part, c’est ramer à contre courant de notre Seigneur Jésus qui révéla qu’on ne peut servir deux maitres (cf. Lc16, 13) et que celui qui n’est pas avec lui est contre lui (cf. Mt12, 30).

Avec saint Paul également, notre foi chrétienne peut affirmer de nouveau l’opposition entre une vie chrétienne et la fréquentation du « bois sacré » : «Ce qu’on immole, dit l’apôtre, c’est à des démons et à ce qui n’est pas de Dieu qu’on l’immole. Or je ne veux pas que vous entriez en communion avec les démons» 1Co10, 20.

Alors, à la lumière de la parole de Dieu avec tous ces passages ci-dessus invoqués, où se trouve la compatibilité de notre foi chrétienne avec l’initiation traditionnelle diola ? Nulle part !