PAR L’ABBE SINSIN BAYO.
La réalité de la sorcellerie, qu’est-ce qu’elle signifie ? Comment elle se pratique ? Comment, de façon traditionnelle et moderne les gens tentent de se protéger ?
Pour comprendre ce sujet, il faut dans l’introduction le mettre dans le contexte où nous sommes. Nous le constatons ici dans notre paroisse, dans la plupart de nos communautés chrétiennes et dans nos diocèses en Afrique, nous nous rendons compte que l’église est vivante et croissante. Chaque année il y a beaucoup de baptisés adultes comme jeunes, également beaucoup d’engagés ; mais ce que nous remarquons au-delà de cet engagement, c’est que la plupart de ceux qui viennent à l’église ont l’impression ou donnent l’impression d’être mal à l’aise. Nous constatons que même les gens que nous croyons être les premiers chrétiens , c’est-à-dire les plus engagés, lorsque les difficultés surgissent dans la vie, il y a une duplicité de comportements, une attitude double ; beaucoup de gens viennent à l’église et pratiquent des rites, participent aux célébrations , et en même temps quand les maladies, les échecs, les souffrances, les menaces commencent à peser sur eux, on les voit aller nuitamment ou de jour chez les féticheurs, chez les devins et les marabouts ; et on dit bien c’est vrai que nous sommes croyants, que nous sommes baptisés et que le Christ nous protège, mais après tout nous sommes africains.
Ce mot africain, sous-entend que nous avons nos racines ; deux protections valent mieux qu’une, il vaut mieux être protégé par Jésus-Christ, par la puissance de l’Esprit Saint et en même temps par les esprits, les ancêtres.
Alors cette situation nous interpelle et c’est pour cela que nous voudrions, étant donné que le fond de notre foi, qui fait la différence d’avec la plupart sinon d’avec toutes les religions qui nous entourent, c’est que, « c’est en Jésus-Christ et dans le nom de Jésus-Christ seul que nous avons le salut au ciel et sur la terre, et qu’en dehors de lui il n’y a pas d’autre salut ». Actes 4, 12.
Alors si Jésus-Christ est réellement le seul sauveur, pouvons-nous vraiment compter sur lui ? Car nous savons, qu’en tant que chrétien africain nous vivons dans le monde comme tous les autres et comme eux, nous sommes confrontés au problème de la sorcellerie.
La sorcellerie, à moins d’avoir été élevé en Europe ou ailleurs est une réalité évidente en Afrique ; et ceux qui veulent narguer les anciens, qui veulent narguer ce monde en payent souvent sévèrement le prix. Nous ne disons pas qu’il faille trembler tout le temps devant les forces du mal, mais du fait que ces forces existent, nous disons que l’expérience a montré que c’est un fait : la sorcellerie constitue hier comme aujourd’hui un danger, une menace permanente qui pèse sur tous les membres de nos communautés familiales, villageoises… . Personne n’est vraiment à l’abri des maladies incurables, à l’abri des accidents insolites, à l’abri des carrières professionnelles brillantes subitement brisées de manière inexplicable. Personne n’est à l’abri aussi, et beaucoup en font l’expérience, des blocages, des échecs, des dilapidations incompréhensibles des biens ; certains travaillent depuis des années et le compte est toujours au bord du rouge, ils n’arrivent pas du tout à réaliser quelque chose de concret.
Tout cela fragilise l’homme et fait peur. Personne n’ose aller au village de peur de voir son arrêt de mort être prononcé. La plupart des cadres qui dans certains lieux ont essayé l’inauguration de leur maison, la cérémonie a souvent coïncidé avec leurs propres funérailles.
Face à ce mal qu’est la sorcellerie, les non-chrétiens se protègent de diverses manières ; et comme nous le disions, autant l’Afrique traditionnelle propose à l’africain des moyens pour lutter contre les sorciers, les jeteurs de sort et autres malfaiteurs du monde occulte ; autant l’église demande aux fidèles africains de tout abandonner de cette protection traditionnelle, et autant paradoxalement elle ne semble rien proposer de concret en retour.
Pendant que les autres se blindent, l’église invite ses fidèles à compter sur Dieu et sur Dieu seul ; cela pose de graves problèmes à de nombreux chrétiens. Compter sur Dieu seul certes, mais le chrétien est-il sûr d’être concrètement protégé par Jésus Christ, par son Eglise ?
Contre les attaques des sorciers, contre les jeteurs de sort, est-on sûr d’être à l’abri ?
Que doit-il faire face aux menaces, aux attaques des sorciers ? Est-il sûr que quelque part l’Eglise et surtout Jésus Christ va faire quelque chose, et comment ?
C’est à ces diverses questions que nous voulons donner des réponses en s’appuyant sur Dieu.
Nous ferons cette réflexion en trois grandes étapes et en deux séances :
- La réalité de la sorcellerie et les moyens de protection traditionnelle et moderne.
- Les armes des chrétiens contre la sorcellerie.
- Conditions pour être protégé efficacement contre les sorciers.
I-LA REALITE DE LA SORCELLERIE ET LES MOYENS DE PROTECTIONS TRADITIONNELLES ET MODERNES
- Le phénomène de la sorcellerie
Ainsi, le sorcier au sens strict désigne une personne foncièrement mauvaise, habitée par une force maléfique et dont le propre est de nuire aux autres en utilisant les forces qui sont en lui et dans l’univers. En fait, nous pouvons dire que la sorcellerie est un savoir, une technique et une éthique.
- Sorcellerie vue comme science :
Le sorcier est une personne qui connaît l’univers et qui sait ce qui s’y passe, y compris ses lois. Il connaît le fonctionnement de l’univers et les forces secrètes qu’il contient. - Sorcellerie vue comme technique :
C’est la mise en mouvement de ces forces pour l’utiliser selon son objectif. - Sorcellerie vue comme éthique:
La sorcellerie est vraiment sorcellerie que seulement dans la mesure où ce savoir ou cette éthique est utilisée dans le sens de faire du mal. En dehors de cela on parle de magie blanche, c’est-à-dire les forces de la nature. Les forces à l’intérieur de l’homme sont utilisées pour amuser la galerie. Exemple : la magie pour se déplacer dans les airs. Ce n’est pas encore la sorcellerie au sens strict du terme. Dans la mesure où cette technique et ce savoir-faire sont utilisés contre quelqu’un pour le mal, alors en ce moment on est dans le cadre de la sorcellerie. - Structure et principe de la sorcellerie Le sorcier est l’individu qui s’investit totalement dans le mal et qui pour cela appartient à une société secrète, habituellement en lien avec le démon.
Ainsi la sorcellerie s’acquiert de diverses manières, mais dans cette sorcellerie étant donné que c’est une société, il y a donc une hiérarchie. Les sorciers forment un groupe bien structuré où l’on évolue en grade suivant l’importance des pouvoirs acquis, et à partir d’une initiation dont le prix varie selon l’importance du grade.
Il existe 32 degrés en sorcellerie subdivisés en 2 groupes de 16 esprits.
Le principe de la sorcellerie comme vous l’imaginez consiste essentiellement à nuire aux autres. Son principe fondamental c’est faire le mal pour le mal tout en sachant que cela est mal et de façon consciente. Plus ce que vous faites est pervers, plus vous êtes authentiquement sorcier. C’est ainsi qu’une femme va prendre le sang de ses menstrues comme huile rouge pour griller ses alocos en disant : « que tout homme qui ne vient pas d’une femme ne vienne pas payer mes alocos » ; ou une femme voulant attacher son mari va se mettre nue sur la sauce bouillante et laisse tomber ses viscosités intérieures dans la sauce ; à la suite de cela il devient comme un chiot obéissant.
La sorcellerie c’est vraiment l’univers de l’envers et c’est pour cela que le sorcier marche de manière générale sur les mains et agit la nuit au paroxysme des ténèbres, c’est la perversion radicale au point où il n’existe pas de bonne sorcellerie.
- Comment s’acquière la sorcellerie ? Comment devient-on sorcier ?
- Par hérédité : On naît sorcier, c’est une puissance, ce sont des pouvoirs, une prédisposition dont on prend conscience en grandissant. Ce pouvoir inné peut être transmis dans le sein maternel. Mais l’on ne devient capable d’exercer ce pouvoir que lorsque l’on vous le révèle et qu’on fortifie ces forces.
- Par révélation : Dans ce cas, un maître sorcier qui a décelé des pouvoirs particuliers chez l’individu lui lave le visage et lui fait boire une boisson spéciale qui active et consolide ces pouvoirs. De manière pratique, un vrai sorcier, ayant décelé les pouvoirs de cet individu, lui donne de la viande et après consommation, ce dernier se rend compte de ses pouvoirs mais il doit rembourser la viande mangée avec un membre de sa famille.
- Par achat : L’intéressé donne au sorcier ou au groupe de sorcier un parent proche ; l’adepte est invité au cours d’un repas pendant lequel on lui donne une substance qui lui donne envie de manger la chair humaine et de nuire à son entourage. La première des choses qu’on lui demande c’est d’offrir un parent proche qui lui est très cher, et il faut parfois que ce soit quelqu’un de très important sur qui tout le monde compte.
- Par initiation involontaire : L’on peut devenir sorcier par la consommation d’un produit ou généralement de la viande ; et c’est ce qui arrive à des personnes à qui l’on donne à manger dans le sommeil.
- Pourquoi la sorcellerie ? Les racines
La sorcellerie n’est pas du côté de Dieu. Les racines de la sorcellerie se trouvent dans les créatures : Satan et ses complices. Aussi ces racines sont fondamentalement dans l’homme. Dieu a créé la vie et a créé l’homme pour la vie et c’est toujours l’homme qui, utilisant mal les choses qui sont dans la nature, se rend coupable du mal qui est fait à autrui dans la société. C’est dans ce sens que nous croyons que les Africains pensent qu’il y a ni maladie naturelle ni mort naturelle, qu’il y a toujours quelque part la responsabilité de l’autre.
Et d’ailleurs, les vieux dans leurs proverbes disent que chacun de nous est sorcier dans la mesure où dans notre cœur nous avons des pensées perverses. Parfois, vous avez quelqu’un à l’hôpital et subitement une idée vous traverse, vous vous dites : « mais est-ce qu’il n’est pas mort » , c’est dire que l’assise de la sorcellerie se trouve dans l’homme.
Les raisons sociales de la sorcellerie
- Manque d’amour : La sorcellerie est toujours un acte de méfiance, elle est portée, suscitée et nourrie par la haine et par la jalousie.
- Le nivellement social : Les sociétés africaines sont des structures communautaires, on vit ensemble et la sorcellerie est une forme de justice sociale. Elle est produite par une société qui refuse la diversité, la différence entre les personnes et qui pour cela élimine ceux qui veulent surpasser les autres ou émerger. Vous pouvez être au niveau de tous ceux qui sont au village ou dans la région, vous pouvez être en dessous, on ne vous en voudra pas, mais il ne faut pas émerger car celui qui émerge on le nivèle par le bas.
- La peur de l’autre : Nous, sociétés africaines, nous sommes marquées de part et d’autre par la peur. On pense toujours que l’autre est un danger potentiel et même notre soit disant solidarité ou communauté sont des calculs, car l’on se rend des services avec remboursement. La solidarité, l’hospitalité, le sens communautaire sont des jeux stratégiques. On a surtout peur de l’autre et de son émergence.
- La non-connaissance de DIEU : On dit habituellement que les africains sont des hommes très religieux, là encore en regardant notre société d’une manière critique, l’on se rend compte que nous connaissons DIEU certes, mais que cette relation n’est que stratégique. DIEU est connu comme un organisateur mais l’homme fondamentalement est laissé à lui-même et vit une sorte de peur, de peur ontologique et de peur dans l’être et dans la vie. Il se sent à découvert dans un monde hostile et tout ce qu’il organise depuis sa foi en DIEU jusque dans le culte des esprits, c’est faire alliance avec les forces cosmiques, les forces transcendantes, les forces de l’univers invisibles pour garantir sa sécurité. Pour cela, il n’a aucun sentiment pour ceux qui attenteraient à sa vie. Ainsi, lorsqu’un individu met un fétiche dans sa maison en disant : « Que tous ceux qui entreront dans cette maison et qui en voudront à ma vie, toi le fétiche, tues les, même que ce soit mon premier enfant peu importe ». L’africain est tourné vers lui-même et le fait qu’il ne connaisse pas bien DIEU comme relation personnelle, pour lui, DIEU est loin et n’a pas de relation personnelle avec lui ; il est simplement celui qui intervient de temps en temps et de ce fait, il lui fait appel autant qu’il fait appel aux esprits et toutes sortes de puissances qui peuvent l’aider. Et si vous voyez bien les sources de sécurité que nous avons sont accumulées et ne se combattent pas entre elles. On peut aller chercher un fétiche puissant au Burkina comme on peut aller à Man ou à Touba et on les accumule, pourvu qu’on soit suffisamment blindé.
Nous n’avons pas de relation personnelle et sécurisante avec DIEU. Le visage que nous avons de DIEU est un visage flou, telles sont, en général les raisons sociales de la sorcellerie.
- Que font les sorciers ? comment agissent-ils ? comment atteignent-ils leurs victimes ?
Il y a plusieurs procédés :
- L’empoisonnement : Ils font appel aux forces de la nature comme le poison simple, Ex : La bile de caïman. Ils peuvent agir par contact invisible en entrant dans la maison de façon invisible ou peuvent aussi suivre tous vos mouvements à partir de l’endroit où ils se trouvent, au village ou ailleurs en regardant dans leur miroir magique. Il y a aussi des radars et donc dire que je ne vais pas au village, je suis ici tranquille, rassure psychologiquement mais sur le plan pratique cela ne gène en rien votre destruction. Souvent ils entrent dans la maison et cela est ressenti par une présence froide ; ou vous dormez et vous avez un sentiment de lourdeur, vous voulez vous levez impossible, vous criez aucun bruit ne sort.
- Les maléfices : C’est le procédé par lequel l’on fait appel au démon pour nuire à une personne donnée. Le maléfice peut être un sort direct appliqué à la personne ; il peut être aussi indirect c’est-à-dire en agissant sur un objet. Ex : On peut prendre une poupée qui représente symboliquement la personne et pointer un clou dans la poupée, les mêmes douleurs sont ressenties par la personne. Ou on enroule une poupée dans une banderole et on la met dans une valise qu’on boucle avec un cadenas et c’est la personne qui vient d’être enfermée dans ses biens, dans son avenir à jamais. Comme aussi on peut mettre l’intelligence des enfants sous un caillou et tant qu’on n’a pas soulevé les cailloux l’enfant stagne. De l’argent aussi qu’on donne peut être utilisé pour briser votre pouvoir économique. Les chaussures, les cheveux et même les traces de pas. C’est aussi par un regard : Quelqu’un qui vous regarde de manière bizarre avec les yeux rouges ou vous impose les mains ; une incantation, un rite…. , tout ceci peut être utilisé pour faire du mal.
Sur la personne, ils agissent par la manducation du double : c’est en ce sens qu’on dit que les sorciers l’ont mangé ; là aussi il faut comprendre l’anthropologie, la manière de comprendre l’homme par l’africain est que l’homme est représenté par la peau, la chair, l’apparence physique, l’ombre, le double du corps qui est le corps spirituel, la force physique, la force vitale et l’âme. Et dans tout cela, ce que le sorcier subtilise c’est la force vitale pour augmenter son potentiel de vie, et pour le faire, il transforme la personne en poulet ou en agouti et la mange.
Ils agissent aussi par la maladie ; on ruine cette dernière par la maladie et la personne passe son temps à se soigner, c’est l’annihilation existentielle c’est-à-dire on réduit la personne à rien, elle n’est pas morte, elle n’est pas vivante.
Le blocage de l’intelligence, le blocage de l’avenir, la personne ne peut pas avancer dans la société, au travail, à l’école…
Il y a également l’envoûtement où la personne peut devenir folle ou frappée de vagabondage.
Il y a aussi les dépenses des biens, on troue la main ou la poche de la personne, et aucun bien ne reste, aucune réalisation possible.
Les sorts ; le sorcier peut rendre la personne détestable, l’on est comme frappé par la haine des autres, l’on est détesté par tout le monde, au travail, au foyer…
Le sort peut également obliger quelqu’un à devenir coureur de jupon ou coureuse de culotte. Instabilité conjugale, les séparations constantes avec apparition de mari ou de femme de nuit qui empêche parfois d’avoir des enfants.
Les moyens utilisés
Ils sont multiples :
- Le dédoublement : c’est la possibilité de sortir du corps, de laisser l’enveloppe du corps, de partir avec le double pour agir de manière invisible.
- L’usage de médium : On utilise des personnes qui, des fois, ne sont pas des sorciers pour en faire des chevaux. Exemple : Pour certaines personnes il arrive qu’au levé le matin, elles se sentent fatiguées avec des courbatures partout ou des jambes lourdes… c’est qu’il y a eu chevauchée nocturne.
- Il peut arriver que le sorcier utilise des bêtes comme la guêpe, le serpent et en particulier les milles-pattes qui sont utilisés comme des TGV, les libellules utilisées comme des hélicoptères etc.
- Quels sont les moyens de protections traditionnelles et modernes ?
- Les moyens traditionnels :
- Il y a les devins qui sont dans ce monde et qui voient comment ce monde fonctionne ; ces derniers donnent des puissances pour contrecarrer les sorts qui nous sont lancés.
- Il y a les féticheurs et les fétiches : Le féticheur c’est celui qui se met du côté de la partie civile, qui se constitue donc en protecteur et qui est en lien avec les esprits capables de lutter contre les autres esprits. Ce sont eux qui nous font les ceintures de sécurité, les fétiches qu’on accroche dans les maisons et à qui nous donnons à manger.
- Il y a les chasseurs de sorciers : Ce sont des hommes, des sorciers également qui ont pour mission d’aller contre d’autres sorciers et qui engagent parfois des combats titanesques, des combats à armes lourdes. Généralement, le chasseur de sorciers quand il saisit un sorcier, le marque d’un seau dans le monde de la sorcellerie.
- Il y a les masques chasseurs de sorciers : Ils viennent dans le village et peuvent reconnaître non seulement les sorciers mais aussi déterrer toutes leurs armes.
- Il y a aussi les médicaments de blindage, les contre-poisons, les médicaments contre les maléfiques, contre les accidents. Ce sont généralement des bagues. Il faut dire que ces médicaments sont à usage personnel.
- Les moyens traditionnels :
- Les moyens de protection moderne : Pour avoir une protection, il y a beaucoup de personnes qui vont dans les associations exotériques comme par exemple la franc-maçonnerie, la rose-croix où justement des méthodes de méditation et même d’initiation vous sont enseignées ; méthodes, qui après, vous conduisent à une étape que vous ne maîtrisez plus et vous mettent en contact avec un monde invisible que vous ne pouvez pas contrôler. Il y a comme une sorte de puissances que vous avez pour maîtriser le monde autour de vous et entrer dans le monde astral. Vous pouvez diriger la pensée de quelqu’un. Ils font toujours leur méditation à la maison ou sur l’autel où personne ne doit y aller.
Ces mouvements et associations permettent aujourd’hui aux cadres d’avoir une certaine assurance pour la domination sur l’ennemi ou pour être au-dessus de tous.
Il y a aussi d’autres moyens qui sont proposés par des sectes ou par les églises africaines indépendantes où l’on dit : « Venez dans cette communauté et la lutte contre le démon sera une victoire » et pratiquement tout est infesté par le démon. Les gens pensent que les puissances du mal sont toujours à l’œuvre, jusque dans les moindres choses et que ce sont les parents qui sont porteurs du virus de la sorcellerie. L’on est constamment entrain de faire des prières de délivrance sur des personnes.
Les limites des moyens de protection traditionnelle et moderne
Sur le plan traditionnel :
- Quand on a des problèmes on est toujours tenté d’aller voir les parents au village en se disant « et puis après tout on veut la santé et DIEU ne peut pas être contre la santé quelque soit les moyens par lesquels on a cette santé ou cette réussite ». Ce que nous constatons, c’est quand utilisant ces moyens nous sommes dans cette sensation de peur permanente, créée par les moyens traditionnels. En allant chez le marabout ou chez le féticheur, il vous dira : « C’est un membre de votre famille pas trop grand, pas trop court, pas trop clair, pas trop noir qui vous veut du mal », et cela sème le trouble dans la tête ; quand vous arrivez à la maison vous commencez à voir les teints, à tirer les conclusions et les attitudes conséquentes.
- Climat de méfiance et règne de soupçon : On soupçonne même sa propre femme ou son propre mari et on préfère manger ce que sa bonne prépare et pas sa femme.
- La division et la haine
- La volonté de vengeance
- La ruine économique, parce qu’il faut consulter constamment
- La sécurité n’est jamais totale parce qu’on est toujours entrain de chercher le blindage le plus fort avec son cortège de totem
- Le mal n’est jamais vaincu et en prenant des fétiches on se livre à des esprits, des alliances et beaucoup de personnes en paye aujourd’hui le prix. On se met dans un circuit d’esclavage, de prison et de chantage. Les féticheurs et les devins vers lesquels nous allons sont en fait les mêmes acteurs du monde du mal et ne font que reculer le délai de votre mort ; vous donnez un mouton, ils le donnent de l’autre côté.
Les limites des groupes exotériques :
- L’exaltation de l’homme et de son pouvoir.
- Le pouvoir qu’on acquiert est un pouvoir fragile. Vous pouvez faire une méditation transcendantale et entrez en contact avec les corps astraux mais si vous n’avez pas la maîtrise, vous signez des pactes avec les forces qui ne sont jamais clairement bien définis. Sauf les grands maîtres finissent par rencontrer le maître de l’occultisme. Après avoir subi ces initiations, il y a une étape non retour.
- Ce sont des primes magiques que vous recevez au lieu de s’offrir à la puissance de l’Esprit Saint.
Vous avez remarqué dans nos églises catholiques, maintenant les intentions que nous donnons aux Eucharisties tournent autour de ceci : messe de demande, d’assistance, d’aide et de protection ; et si jamais les gens demandent quelque chose en plus, comme la conversion, ce n’est pas de leur propre conversion qu’il s’agit, mais la conversion de l’autre. L’Afrique a une mentalité d’accusateur, on ne se met pas en face de soi pour être responsable, le mal c’est l’autre. Il faut que nous allions à cette vérité humaine pour une libération fondamentale. Dans Jn 8, 32 « La vérité vous rendra libre ». Tant qu’il n’y aura pas cette vérité, nous ne pourrons jamais être libres même dans l’église catholique. Alors nous disons qu’il faille absolument laisser tout cela, et se tourner vers Dieu. Est- ce par rapport à tous ces sorciers qui nous entourent, à la réalité du mal, que Dieu nous protège? Est-ce que nous pouvons être sûrs que nous n’avons pas fait le mauvais choix et que lorsque le tonnerre gronde, le paratonnerre est là pour nous protéger, et que nous sommes à l’abri ? Est-ce que Jésus Christ peut nous sauver ?
II-Les armes des chrétiens contre la sorcellerie.
Une chose est sûre, les sorciers agissent, mais ils ne sont pas plus forts que Dieu.
1- Dieu constitue l’unique protecteur et sauveur des croyants.
Dans l’église et selon la foi chrétienne, c’est Dieu lui-même qui personnellement protège le croyant et assure son salut. Pour le peuple d’Israël autrefois et pour les chrétiens d’aujourd’hui, la protection n’est pas assurée par autre chose, par un esprit, par une créature, mais par Dieu lui-même. On avait autrefois une ceinture qui, bien sûr serrait les reins, donc donnait un sentiment de sécurité, mais aujourd’hui c’est Dieu lui-même en personne qui assure notre sécurité de proximité. En effet, il est vain de compter sur une créature, de fonder sa sécurité sur un être de chair, c’est une illusion.
Dans nos traditions, il est dit que le fétiche le plus puissant ne peut pas garder son propriétaire contre la mort ; quand on enterre ce dernier, le fétiche va en héritage à quelqu’un d’autre. Il faut compter sur le seigneur lui-même, telle est la grande recommandation du psalmiste, et je cite : « Il n’est pas de roi qui sauve une grande armée, ni de brave qu’une grande vigueur délivre. Pour vaincre, le cheval n’est qu’une illusion, toute sa force ne permet pas d’échapper, mais le seigneur veille sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent en sa fidélité pour les délivrer de la mort et les garder en vie devant la famine. Nous, nous attendons le seigneur, notre aide et notre bouclier. La foi de notre cœur vient de lui, notre confiance est en son nom très saint. Que ta fidélité seigneur soit sur nous, comme notre espoir est en toi. » Ps 33, 16-22.
Dieu est l’unique protecteur et sauveur des croyants, parce qu’il l’a promis et réalisé à la fois dans l’ancien testament et dans le nouveau. Comme il n’est pas un Dieu du passé, comme il n’est pas non plus un Dieu qui seulement a été fidèle autrefois, il est aussi un Dieu qui est et demeure fidèle dans ses promesses. Il ne laisse jamais ses amis dans la honte et dans l’impasse.
Promesses et actions de Dieu en faveur de ses fidèles.
- Dans l’ancien testament
Lorsque Dieu dans sa bonté choisit librement Abraham, son protecteur, son garant, il devient son avenir. Et voilà ce que Dieu dit : « Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai, je rendrai grand ton nom, soit en bénédiction, je bénirai ceux qui te bénirons, et je bafouerai qui te bafouera, je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Gn 12, 2-3.
Nous reviendrons constamment à la bible et à la Parole de Dieu qui nous assurent que c’est lui notre protecteur.
Face à la souffrance du peuple d’Israël en Egypte, Dieu ne resta pas insensible. Il voit cette misère du peuple et descend pour l’en délivrer. Il dit à Moïse : « J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte, et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances, je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau pays, un vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel. » Ex 3, 7-8.
Au peuple d’Israël qui a peur à cause de ses voisins qui sont des peuples puissants, Dieu leur demande de ne plus craindre, et qu’il est son sauveur.
Le seigneur le dit à Israël : « Moi qui t’ai créé, Jacob, qui t’ai formé, Israël, Ne crains pas, car je t’ai racheté. Je t’ai appelé par ton nom : tu es à moi. Si tu passes à travers les eaux, je serai avec toi, à travers les fleuves, ils ne te submergeront pas. Si tu marches au milieu du feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te calcinera plus en plein milieu, car moi le seigneur, je suis ton Dieu, le Saint d’Israël ton sauveur. » Is 43, 1-3.
A ces paroles rassurantes du Seigneur, qui rappellent ce que Dieu disait lui-même, lorsqu’il disait qu’il allait revenir pour prendre le peuple d’Israël en main et en être le Berger ; A ses paroles répondent des paroles du psalmiste qui se sent en sécurité sous la garde et dans la protection de Dieu. Voir Ps 23, 1-4.
Quand le croyant en difficulté pense que Dieu l’a abandonné dans la souffrance, Dieu le rassure. Dieu est toujours présent auprès de lui, et là encore la parole de Dieu dit : « Sion disant : Le Seigneur m’a abandonné, mon Seigneur m’a oublié. La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t- elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair, même si celle-là oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. Voici que sous mes paumes je t’ai gravé, que tes murailles sont constamment sous ma vue. » Is 49, 14-15.
A Israël qui souffre de la déportation et dont l’avenir est bloqué, Dieu annonce et promet la libération. Ainsi parle le Seigneur Dieu : « Je vais ouvrir vos tombeaux, je vous ferai remonter de vos tombeaux, oh ! Mon peuple, je mettrai mon souffle en vous pour que vous viviez, je vous établirai sur votre sol et vous reconnaîtrai alors que c’est moi le Seigneur qui parle et qui accompli. » Is 37, 12-14.
Dieu est Puissant. Il est le sauveur de son peuple, et l’a manifesté dans l’ancien testament en faveur de son peuple d’Israël.
Avec Jésus Christ, Dieu n’est plus loin de son peuple agissant de manière invisible ou par l’intermédiaire de ses prophètes, et de ses rois. Il réalise de manière concrète et personnelle ce qu’il a dit autrefois à Moïse : « J’ai vu la misère de mon peuple et je suis descendu pour l’en délivrer. » En effet, selon l’évangéliste Jean, « au commencement était le verbe, et le verbe était tourné vers Dieu. Le verbe était Dieu. Le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». D’après le témoignage de Jean, le verbe de Dieu c’est Dieu lui-même, c’est sa pensée profonde, c’est son cœur, autrement dit, c’est l’amour vivant et sauveur de Dieu qui est en lui. C’est ce Dieu puissant qui est venu dans ce monde pour manifester son amour au monde et mettre en œuvre sa puissance, son amour, pour sauver les hommes et leur accorder la plénitude du salut. C’est ce que nous professons dans le credo quand nous disons, pour nous et pour notre salut il est descendu du ciel. Jésus dans l’évangile de Jean se présente comme le vrai Berger, le vrai Protecteur des hommes, avec lui les croyants sont en total sécurité, et il déclare : « Moi roi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils aient en abondance. Je suis le bon Berger, je me dessaisis de ma vie pour les brebis, je leur donne la vie éternelle, elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main. Mon père qui me les a donné est plus grand que tout, et nul n’a le pouvoir d’arracher quelque chose de la main de mon père, et moi et mon père nous sommes un. Puissance inégalable. » Jn 10, 14-15 ; Jn 10, 28-30.
Au début de son ministère public à Nazareth, Jésus déclare la raison de son envoi dans le monde par le père pour sauver les hommes : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération, et donner aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés à la liberté et proclamer une année de grâce, d’accueil de la part du Seigneur. » Lc 4, 18-19.
Pendant ce ministère Jésus appelle à lui, tous ceux qui souffrent pour les libérer : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, je vous libérerai et je vous donnerai le repos ». En lui, Dieu est présent avec nous et pour nous, pour nous guérir de nos maladies, pour nous libérer des forces du mal, pour détruire nos péchés et détruire la souffrance, et c’est cela le paradoxe. En effet de manière paradoxale et définitive, Dieu dans la puissance de l’Esprit, dans la mort et de la résurrection de Jésus, a détruit de l’intérieur la mort et toutes les puissances de mort. En lui, Dieu a réalisé la parole, la parole originelle que rapporte l’attoungblan, le tam-tam parleur des peuples Akan. Ainsi résonne l’attoungblan en disant cette parole : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent ; en dernier lieu, Dieu créa la mort et la mort avala Dieu. Dieu grignota et grignota la mort ; de l’intérieur du ventre de la mort, Dieu grignota et grignota la mort. Puis grignota et tua la mort, depuis ce jour-là Dieu est le Seigneur de la vie et Maître de la mort ».
C’est ce Dieu Tout Puissant, Maître de la vie et de la mort qui est notre Dieu et notre Sauveur ; qui est avec nous et pour nous, ici-bas et dans l’au-delà, dans le temps et dans l’éternité. Il est notre bouclier, notre défenseur face aux forces du mal et aux forces de la mort. Voilà pourquoi, et c’est ce que démontre Jésus Christ en apaisant le vent et la tempête, car dans la mentalité sémitique, les forces du mal et toutes les forces opposées à Dieu sont dans l’eau. En apaisant les forces de la nature, les forces révoltées qui sont à l’intérieur de la mer, Jésus montre ainsi qu’il est le Maître de tout et que, ceux qui sont avec lui, même si ces forces se soulèvent, n’ont rien à craindre. Voilà pourquoi dans l’évangile de Mc 3, 35-41, au moment où la tempête se soulève, Jésus dort, (Marc en donne un symbole très significatif), on dit qu’il dort sur un cousin, cela veut dire, dormir sans crainte, sans aucune peur ; et lorsqu’il se réveille et apaise la tempête, il dit aux apôtres : « Pourquoi avez-vous peur hommes de peu de foi ? ; moi le Seigneur je suis avec vous, pourquoi tremblez-vous devant ce petit vent ?
Dieu est grand et Dieu est Dieu, et tout le reste est créature. Avec ce Dieu fort et puissant à nos côtés, de notre côté, de quoi et de qui pourrions-nous avoir peur ?
« Le Seigneur est ma lumière et mon salut de qui aurai-je peur ? Le seigneur est la forteresse de ma vie, devant qui tremblerai-je ? ». Ps 27, 1.
En effet, continue le psalmiste au Chapitre 91 : « Celui qui habite là où se cache le très haut passe la nuit à l’ombre du souverain. C’est lui qui délivre du filet du chasseur, et de la peste pernicieuse. De ses ailes il te fait un abri, et sous ses plumes, tu te réfugies. Sa fidélité est un bouclier et une armure, tu ne crains ni la terreur de la nuit, ni la flèche qui vole au grand jour, ni la peste qui rode dans l’ombre, ni le fléau qui ravage en plein midi. S’il en tombe mille à ton côté et dix mille à ta droite, tu ne seras pas atteint. Tu as fait du très haut ta demeure, il ne t’arrivera pas malheur. Aucun coup ne menacera ta tente, car il a chargé ses anges de te garder en tous tes chemins. Ils te porteront dans leurs bras pour que ton pied ne heurte aucune pierre. Tu marcheras sur le lion et sur la vipère, tu piétineras le tigre et le dragon. Ainsi, est la puissance du seigneur, et la puissance de celui qui met sa confiance en lui ». Ps 91, 1-3.
Mais comment Dieu nous protège-t-il ?
Dieu protège les hommes, les croyants par sa personne. Comment ?
Lorsque Dieu, répondant à la foi, vient au secours des fidèles, il ne leur donne pas quelque chose pour se protéger ; c’est lui-même qui se donne et se constitue comme garant, protecteur, libérateur pour l’homme croyant. Tout son être de Dieu qui est Père, Fils et Esprit Saint est mis au service de l’homme et de son salut ; ainsi l’homme croyant est adossé au Dieu Père, source de toute puissance et de toute vie. Il est enraciné en lui solidement de manière définitive et éternelle, il se fonde sur Dieu le Père, qui a créé le ciel et la terre, qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts et qui est la source de l’Esprit de puissance et de vie. Fondée sur ce Dieu, la vie du croyant est inébranlable dans toutes sortes d’épreuves. En croyant dans le Fils, le fidèle s’ouvre à l’être même de Dieu, en l’amour même de Dieu. En lui, Jésus Christ est Dieu lui-même en personne qui se fait son proche et son parent. « Tout pouvoir, dit-il m’a été donné au ciel et sur la terre et moi je suis à vous toujours jusqu’à la fin des temps ».
Dans la bible, l’expression « ne crains pas », revient 366 fois. C’est comme si Dieu disait chaque jour de l’année au croyant « ne crains pas ». Lorsque le fidèle, par la foi accueil le Fils, c’est en même temps le Père et le Fils qui viennent demeurer chez lui. « Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon père l’aimera, nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure » Jn 14, 23.
« Par la puissance qui est en lui, et par la puissance par laquelle il guérit les malades, chasse les esprits, ressuscite les morts, Jésus Christ met les croyants à l’abri de tout mal ». Lc 6, 17-19.
Dieu sauve le croyant par la puissance de son esprit. L’esprit est l’énergie de vie qui est en lui. Par l’esprit, Dieu communique au croyant, la puissance de vie qui est en lui. Ainsi, le croyant est imprégné de son être et de sa puissance. En langage africain, on aurait dit, qu’il est totalement blindé. Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu l’Esprit prend le croyant et le cache en lui. Ainsi, parce que le croyant par la foi est en Dieu totalement, quiconque veut attaquer le croyant devra d’abord s’attaquer à l’Esprit Saint, tuer l’Esprit qui est puissance de vie qui tourbillonne entre le Père et le Fils, et quand il a tué l’Esprit Saint, il va s’attaquer à Dieu le Père, Dieu puissance éternelle, source de tout bien. Après avoir tué Dieu le Père, il va tuer Dieu le Fils ; et c’est après avoir tué le ressuscité, le glorieux dans la gloire, qu’il va s’attaquer maintenant au croyant ; ce qui est impossible. Nous sommes à l’abri de tout. L’on comprend alors la parole de l’apôtre Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous. Oui, nous avons l’assurance, ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni dominations, ni les puissances, ni les forces des hauteurs, ni celles des profondeurs, ni aucune créature, rien, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté à notre égard en son Fils Jésus Christ. » Rm 8, 31, 38-39.
Dieu nous protège par sa propre personne, mais aussi par l’Eglise qui prolonge sa présence et son action dans le monde en notre faveur. L’Eglise est à comprendre, en tant que bâtiment, mais aussi et surtout en tant que communauté par laquelle et dans laquelle Dieu à travers les sacrements, le ministère des prêtres, nous accorde son salut aux hommes. Dieu a toujours voulu par amour être présent au milieu des hommes ; il a toujours voulu manifesté concrètement sa présence par des signes visibles. Nous sommes des êtres de chair. Le monde que nous voyons autour de nous constitue une théophanie de Dieu, une manifestation, une révélation de Dieu. Au milieu du peuple d’Israël, Dieu a donné sa parole, la table de la loi, mise dans l’arche de l’alliance qui plus tard sera classée dans le temple, dans le Saint des Saints. Pendant l’histoire d’Israël, quand ils allèrent en guerre, ils avaient l’arche avec eux. On pouvait tout prendre sauf l’arche. C’était vraiment la calamité quand l’ache était prise. C’est sa présence visible et palpable au milieu de son peuple.
Ainsi,la table de la loi, l'arche de l’alliance, la tente de la rencontre et le temple symbolisent et expriment la présence de Dieu. Etre dans la tente de la rencontre dans le temple, c’est être en présence et dans la présence de Dieu. Car c’est dans le temple que Dieu habite au milieu de son peuple. Avec, l’incarnation, le Fils de Dieu, Jésus Christ sera le temple de Dieu en qui Dieu habite corporellement et définitivement au milieu des hommes. Ce Christ est prolongé et incarné par l’Eglise au milieu de nous. Ainsi, lorsque nous entrons dans l’église avec foi, nous entrons dans la présence de Dieu. Cet espace qui a été consacré par Dieu lui-même est le lieu de sa présence et en y entrant nous sommes en présence de Dieu. C’est un morceau du ciel. Celui qui y vient avec son djêkouadjo, avec des effluves mystiques négatifs qui ont été lancés contre lui et qui y vient dans la foi, celui-là est purifié par le dieu qui irradie ce lieu. On dit : « La communauté chrétienne est également nommée Eglise, les membres de la communauté investis par la puissance de l’Esprit constituent la présence visible, agissante de Jésus Christ. En elle, et par elle, rayonne la charité libératrice, guérissante, protectrice de Dieu. Par leur foi et leur solidarité, par leur prière, les chrétiens se sont constitués comme des parasols et des paratonnerres réciproques.
Quand nous sommes en communauté vivante et unie, nous nous protégeons mutuellement et c’est pour cela que dans les communautés, ou dans les familles, quand deux ou trois prient tous les autres sont protégés. Car par leur prière, ils se constituent comme un toit blindé et aucun missile ne peut y entrer. Par leur foi les chrétiens constituent les uns pour les autres les paratonnerres et protecteurs des uns des autres contre les attaques du mal, la souffrance, le malheur et la peur contre la solitude, car la véritable peur de l’homme, c’est d’être seul. Or par l’esprit, Dieu nous constitue parent des uns des autres. Et tant que nous sommes les uns à côté des autres nous n’avons plus peur du malheur, car le véritable malheur de l’homme c’est l’homme lui-même.
L’homme sorcier, ce n’est pas seulement celui qui se transforme en hibou ; c’est l’homme qui ne veut pas le bien de son frère, c’est celui qui est malheureux quand son frère réussit.
2- Les moyens que Dieu nous donne
- Le prêtre :
Le prêtre est l’incarnation sacramentelle du Christ dans la communauté. Quel que soit ses limites humaines et ses faiblesses, en lui, c’est Dieu qui agit par son ministère, c’est le Christ qui est de nouveau présent et agissant dans la communauté comme autrefois en Palestine. En lui, le ressuscité est puissamment à l’œuvre dans la communauté en faveur de la communauté. Il est dans la communauté ecclésiale, l’alter Christus, c’est à dire l’autre Christ. « Le temps presse, une femme vient voir un jour le prêtre avec son fils gravement malade, presque agonisant. Le prêtre ne croyant pas tellement à ces prières de délivrance, de guérison, de vision et de télévision… ; dit : va à l’hôpital, chez les sœurs.
Et la femme de répondre : mon père, je suis venu vous voir, imposez la main à mon enfant. Il dit : mais pourquoi ? Elle répond : parce que je sais que le Christ interviendra en vous. Le prêtre dit : Madame, écoutez, j’ai autre chose à faire, et puis c’est de la nivaquine qu’il faut à l’enfant. La femme lui demande pardon en lui disant : mon père, même si vous ne croyez pas, moi j’y crois. Et le père imposa ses mains sur l’enfant en disant : que le Seigneur te guérisse de ta maladie, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen. La dame dit au revoir et s’en alla. Le lendemain à la même heure, elle revient. Non plus l’enfant dans les bras, mais qui jouait devant elle. Elle dit au prêtre : mon père, l’enfant à qui vous avez imposé les mains hier, le voilà, il est guéri. »
C’est la puissance de Dieu à l’œuvre dans sa communauté et dans ses prêtres.
- Les sacrements :
Les sacrements sont les signes et les moyens efficaces du salut de Dieu dans la vie du croyant. Ce sont des doigts visibles de Dieu par lesquels il tient, conduit et protège les chrétiens. Ces sacrements sont puissants :
Nous avons le Baptême, la Confirmation, l’Eucharistie, la Pénitence, le Mariage, l’Onction des malades et l’Ordre. Il y a aussi dans le prolongement des sacrements, ce que l’on appelle les sacramentaux ; ce sont par exemple : l’eau bénite, le sel, et le autres objets de piété que le Prête bénit qui en eux-mêmes ne sont pas porteur de force, mais utilisés dans la confiance en Dieu deviennent les lieux et les signes. Dieu vient à l’aide à notre foi.
Mais, dans les sacrements, nous ferons particulièrement mention de l’Eucharistie. Dans l’Eucharistie se réalise de façon concrète ce que Dieu disait déjà par le prophète Malachie : « Pour vous qui craignez son nom, brillera le soleil de justice avec la santé de ses rayons ». Ml 3 20.
Dans l’Eucharistie, c’est Jésus ressuscité, Dieu vivant qui se donne corps et âme, sa vie, son Esprit, sa puissance créatrice, guérissante, cicatrisante, libératrice, sanctificatrice, bienfaisante, qui circule dans toutes les fibres de notre corps, dans l’être du croyant pour devenir source de vie et de force.
Par l’Eucharistie, le croyant devient investi, imprégné de Dieu, porteur de Dieu et toute puissance négatif en lui, tout lieu satanique, tout poison, toute puissance et effluve négative en lui sont démolis et neutralisés. Voilà la puissance de l’Eucharistie reçue dans la foi comme présence réelle et efficace de Jésus.
- Les prières de délivrance :
« Le seigneur a donné à son Eglise et à ses ministres, le pouvoir de continuer l’annonce du Royaume de Dieu pour la destruction des forces du mal. » Mt 10, 1-8.
Ce ministère devra être exercé au sein de l’Eglise comme signe de l’avènement du Royaume de Dieu ; il doit être bien sûr avec discernement dans la foi, pour qu’il garde son sens de signe annonciateur de la définitive du royaume avenir.
Dieu accorde toujours sa protection aux fidèles, mais il en pose des conditions.
III-CONDITIONS POUR ETRE PROTEGE ET MOYENS POUR ETRE PUISSANT CONTRE LES SORCIERS.
1- les conditions pour être protégé. La dimension négative.
- Les attitudes à éviter :
- La peur : la peur, même si elle est humaine est la première attitude à éviter. La peur devant les sorciers et devant la sorcellerie est la première arme de ceux-ci. C’est un sentiment d’insécurité et d’impuissance, un sentiment d’être livré ou exposé à l’autre. Elle rend l’homme physiquement fragile. Le peureux est comme un arbre creux sans noyau. N’importe quel petit vent peut le terrassé. La peur, en elle-même peut provoquer des maladies et même la mort. C’est en pratique, le principe des serments comme le gôpô, des interdits et des totems. Quand l’on vous dit, votre totem c’est ceci et que vous le mangez, telle chose va vous arriver. Si vous êtes seul et que vous l’avez fait, la peur est dans le ventre et lorsqu’un petit bouton va apparaître, ce sera le signe que le début des hostilités a commencé. La peur produit l’autodestruction de l’individu par lui-même. Et les sorciers s’arrangent davantage à faire peur. Par exemple, au village, il y a des gens qui se mettent des produits dans les yeux pour les avoir rouges et en vous regardant, vous avez la chair de poule, c’est ça le principe.
- Au niveau de la foi : la peur est un sentiment provoqué par le manque de sentiment en Dieu. L’homme qui a peur, n’est pas sûr que Dieu va le protéger vraiment. Il doute de la possibilité et de l’efficacité de l’aide promise par Dieu. Il se sent à découvert, dangereusement exposé à l’ennemi. Avoir peur c’est douter de l’amour fidèle et efficace de Dieu.
- La double vie : elle consiste à rechercher secours auprès de Dieu et secours auprès des esprits. C’est l’attitude du chrétien palétuvier ; un pied dedans, un pied dehors, c’est dehors.
Celui qui est caché derrière la termitière ne dépasse pas la termitière de sa tête, d’après un dicton. Or, ce sont ces fidèles tièdes que Dieu vomit. Comme il le dit dans l’apocalypse, ainsi parle le Témoin fidèle : « je sais tes œuvres, tu n’es ni froid, ni bouillant ; que n’es-tu froid ou bouillant, mais parce que tu es tiède et non froid ou non bouillant ; je vais te vomir de ma bouche. » Ap 3, 14-16.
- Donner prise à satan : l’homme lui-même peut donner à satan et aux forces du mal les moyens et les occasions d’entrer dans sa vie. Le démon et ses collaborateurs choisissent toujours un moment ou un lieu de faiblesse de chacun de nous pour entrer dans notre vie, cela pour nous avoir et nous détruire. Il peut s’agir de la cigarette, la boisson, la nourriture, l’argent, le sexe ou le pouvoir.
Les terrains favorables à la pénétration des forces du mal sont :
- Un milieu familial de vie plongée dans l’idolâtrie, dans les sacrifices indirects (quand vous donnez de l’argent pour que les gens aillent faire ce qu’ils veulent faire) et les sacrifices directs (quand vous êtes obligés par les parents d’aller participer à des sacrifices)
- L’idolâtrie
- Les adorations de l’eau, des bois sacrés, de divinité ou de masques
- L’occultisme
- la procession des fétiches, des bagues de protection, talisman à prendre à minuit dans les cimetières ou à recevoir par la poste
- Les initiations exotériques, traditionnelles
- Les influences prénatales négatives, c’est-à-dire recherche d’enfants par des promesses à des divinités, à des esprits des eaux ou masques
- Les blessures intérieures entraînant manque de pardon et haine
- L’imposition des mains ; par cette imposition, on peut transmettre les mauvais esprits. Voilà pourquoi il n’est pas prudent de se faire imposer par tout venant, ou d’imposer les mains à tout venant sans discernement et préparation spirituelle préalable.
- Les paroles vaines
- Des serments ou paroles d’orgueil et de vanité
- Une famille, un individu sous le coup de la malédiction ou des pactes faits avec les puissances du mal
- Une vie dans la méchanceté et dans le mensonge ; à ce sujet St Paul nous avertit dans sa lettre aux Galates : « libertinage, impureté, débauche, idolâtrie, jalousie, emportement, rivalité, dissension, faction, envie, et beuverie, ripailles, et autres semblables ; leurs auteurs, je vous en prévient comme je l’ai déjà dit, n’hériterons pas du Royaume de Dieu. » Ga 5, 19-21.
- Les attitudes à promouvoir pour être protégé par Dieu
- La foi : c’est la seule véritable attitude à promouvoir. La foi est l’attitude par laquelle l’homme s’en remet totalement à Dieu, s’abandonne à lui et laisse Dieu être totalement Dieu dans sa vie. C’est l’attitude d’abandon par laquelle l’on laisse à Dieu de faire ce qu’il veut de notre vie. La confiance en Dieu met Dieu au-devant de tout. Il devient ainsi notre bouclier, notre rempart, notre citadelle. Il nous protège totalement, corps et âme. « Non seulement, il protège contre les missiles de satan mais aussi les brise et les éteint. »Ep 6, 16.
- La prudence : c’est une forme de sagesse. Elle est un fruit et un don de l’Esprit. Elle permet au croyant d’éviter et de s’exposer inutilement au danger et à l’ennemi.
Ainsi, l’imprudence est une manière de narguer et de provoquer l’ennemi pour rien.
Si dans un village on dit qu’on ne rentre pas avec une banane verte, n’y rentre pas par respect ; et si vous rentrez, entrer discrètement. Ne brandissez pas votre banane.
Jésus lui-même, connaissant le monde et sa perversité, nous a recommandé d’être dans le monde où il nous envoie comme des agneaux au milieu des loups. « Il a recommandé d’être simple comme des colombes et prudent comme des serpents. » Mt 10, 16 - La charité
La vie de charité est vie dans la communion avec Dieu. Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu. La charité ne passe jamais. Elle constitue le bouclier du croyant. Cela vaut dans la tradition africaine où la charité est une puissante arme contre les sorciers. - L’humilité
C’est l’attitude par laquelle le croyant se décentre lui-même, reconnaît son néant et s’en remet totalement à Dieu. Il ne se met pas au devant des choses, il laisse Dieu prendre les devants. C’est l’attitude par laquelle l’homme se creuse, se vide de son orgueil pour laisser Dieu prendre procession de sa vie. - La conversion
C’est le fruit de la reconnaissance de son tort, de son péché. Par elle, l’homme revient de son mal, de son mauvais chemin, s’en repend et revient à Dieu pour vivre dans la vérité et dans la sainteté. - La vie sainte, la vie droite.
En laissant Dieu être Dieu dans sa vie, le croyant devient un homme nouveau et puissant, car il est revêtu de Dieu lui-même. Vivant sous la mouvance de Dieu, aucune puissance mauvaise ne peut l’approcher ni avoir une prise sur lui. La puissance irrésistible qui sort de lui et qui détruit toutes les forces de nuit vient de Dieu lui- même. Celui qui vit par Dieu et qui vit une vie droite est totalement habité par la puissance de Dieu et aucune puissance mauvaise ne peut alors le détruire. Il est en relation puissante avec Dieu. Dieu étant en lui et avec lui, il est alors persuadé qu’il n’a rien à craindre.
2- Les moyens pour être puissant contre les sorciers et forces du mal
Se débarrasser de tout ce qui peut permettre à satan d’entrer dans notre vie. Si vous voulez totalement être protégé par Dieu, il faut se débarrasser des fétiches, des ceintures, des bouteilles, des bagues, des coussins, des talismans, des livres qui nous lient avec les forces de la nuit. Garder tout cela, c’est encore laisser une clé de secours à satan.
Il faut rompre les pactes conclus avec satan et arrêter de mener une vie de mensonge, de haine, de méchanceté, d’injustice et de corruption de toute sorte.
Il faut se positionner pour Dieu, pour son Royaume et accomplir son œuvre. A ce sujet la parole de Jésus est claire : « Celui qui se déclare pour moi devant les hommes, je me déclarerai pour lui devant mon père. Si vous êtes traînés devant les tribunaux à cause de moi, ne vous inquiétez pas. A l’heure même je vous donnerai une sagesse à laquelle personne ne pourra faire opposition. Si vous êtes en Dieu et que vous positionnez en Dieu, laissez Dieu faire. Ceux qui viennent contre vous le regretteront».
Vivre dans la vérité et dans la foi :
- La vérité dans l’offrande de soi, dans l’abandon à Dieu, sans hypocrisie ni retenue ( ne mettez pas des parkings privés dans votre vie où Dieu ne doit pas stationner ; si vous faites cela, c’est en cet endroit que le satan va garer).
- Etre totalement à Dieu en vivant dans la foi. Le croyant est puissance de la puissance même de Dieu, or à Dieu il n’y a rien d’impossible. Jésus a promis cette puissance à ses disciples. «Si vous croyez, vous accomplirez les mêmes œuvres que j’accomplis et vous accomplirez de plus grands. » Jn 14, 12. Jésus indique ainsi les signes de puissance par lesquels on reconnaîtra ceux qui croiront. Je cite : «Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru ; en mon nom, ils chasseront les démons, ils parleront des langues nouvelles, ils prendront dans leurs mains des serpents et s’ils boivent quelques poisons mortels cela ne leur fera aucun mal. Ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris» Mc 16, 17-18.
- Utilisez l’épée de l’Esprit : c’est la Parole de Dieu. Nous devons avoir constamment la Parole de Dieu dans notre bouche, dans notre corps, dans notre être, dans notre esprit. La Parole de Dieu doit être lue, digérée, assimilée pour qu’elle imprègne, pour qu’elle divinise le corps, l’être et toute la vie. Que cette parole assimilée et étant en nous lance des rayonnements vivants, lance des rayons divins autour de nous, détruise les forces du mal autour de nous ; que positivement, cette parole repende la vie, la sainteté, la gloire de Dieu en nous et autour de nous. La parole de Dieu investit le croyant d’une puissance et d’une force à laquelle rien ni personne en peut résister et qui permet d’avoir l’assurance, la confiance en Dieu, en soi et résister à la tentation à toute peur. Regardez la foi des frères Maccabées ; la puissance de Jésus Christ devant les tentations et devant la mort.
- La prière : c’est l’arme fatale qui détruit satan et les sorciers. La prière que nous faisons est la puissance de Dieu que nous mettons en branle. Habitée par l’Esprit, la prière est une sorte de missile continentale, intercontinentale, interstellaire, interplanétaire. Grâce à la prière, non seulement vous habitez au cœur de Dieu et au cœur du mystère trinitaire de Dieu, mais vous êtes investis par lui, vous traversez les océans. Vous traversez les continents pour frapper, pour détruire satan, les sorciers et leurs œuvres, là où ils exercent leurs actions. Par la prière, dans la foi en Dieu, vous pouvez, investis par la puissance de Dieu, atteindre le QG du diable, dans les contrées célestes. C’est ce que Jésus Christ nous dit et nous garantit quand il parle à Pierre : «Tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les puissances de la mort n’aurons pas de force contre elle. Je te donnerai les clés du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur terre sera lié au ciel et tout ce que tu délieras sera délié aux cieux »
Conclusion
Le croyant n’est pas laissé à lui-même, exposé à l’air libre, livré, impuissant aux forces du mal. Il est caché en Dieu qui est Père, Fils et Esprit Saint. Mais pour être efficacement protégé, il doit se donner à Dieu par la foi et mener une vie droite, sainte, qui empêche les forces du mal d’avoir l’emprise sur lui et lui permet de briser les forces du mal. «C’est non seulement Dieu qui permet à l’homme d’être à l’abri, mais c’est la puissance même de Dieu qui permet aussi à l’homme de détruire les forces du mal». Mt 10, 1-8.
Suspendons cette méditation par cette prière du psalmiste qui est en même temps une bénédiction ; cette prière était dite autrefois sur les pèlerins avant leur départ :
«Je lève les yeux vers les monts, d’où le secours me viendra-t-il, le secours me vient du Seigneur, l’auteur des cieux et de la terre ; qu’il ne laisse pas chanceler tes pieds, que ton gardien ne somnole pas, il ne somnole ni ne dort, le gardien d’Israël. Le Seigneur est ton gardien, le Seigneur est ton ombrage, il est à ta droite. De jour, le soleil ne te frappera point, ni la lune pendant la nuit. Le Seigneur te gardera de tout mal.
Il gardera ta vie ; le seigneur gardera tes allées et venues dès maintenant et pour toujours. » Ps 121, 1-8. Que dans le nom puissant de Jésus Christ, qu’il en soit ainsi pour chacun d’entre vous, aujourd’hui, demain et pour des siècles éternels. AMEN.
Questions :
- La charité est l’arme des forts, mais aujourd’hui, à cause de nos faiblesses, la charité devient un danger pour les uns et les autres. Certaines personnes utilisent ce qu’elles ont reçu par charité pour faire du mal. Alors, pouvons-nous avoir des éclaircissements que nous devons pratiquer ?
- On nous dit souvent que l’âme est immortelle, on ne peut tuer l’âme, en quoi dites-vous que les sorciers mangent l’âme ? Qu’est-ce qui est mangé exactement ?
- Je peux comprendre que Dieu dans sa douce miséricorde, ne veuille pas détruire tout de suite quelqu’un qui vient communier la tête en bas, les pieds en l’air et prend la communion avec l’anus ; mais pourquoi Dieu permet-il cela pour qu’on puisse ainsi profaner le Saint Corps de Dieu ?
- Dans ce qu’on appelle messe noire, des sectes exotériques prendraient l’hostie consacrée pour faire certaines pratiques. Est-ce que l’hostie consacrée ainsi prise reste toujours ?
- Qu'est-ce qu'un revenant ?
Réponses :
- La charité est l’instrument contre la sorcellerie, nous l’avons dit. Mais, certains utilisent le bien matériel qu’on leur fait contre le donateur. Je sais que même si le sorcier peut utiliser le bien qu’on lui fait pour faire du mal à celui qui a fait le bien, ce qui est important ici, et c’est peut-être là que nous avons à grandir notre foi dans le conteste africain, c’est que la foi en Dieu et la vie de charité nous met en communion avec Dieu, quel que soit ce que l’on peut faire sur vous. Malgré l’acte de charité que vous avez posé, ce que le sorcier peut faire c’est de ruiner votre corps, mais il ne peut pas détruire la communion de vie que vous avez avec Dieu. La véritable victoire du croyant sur le sorcier, c’est de tout faire et cela malgré la souffrance que le sorcier peut lui imposer, qu’il ne rentre jamais dans la logique du sorcier. La première victoire et la véritable, c’est de dire, je demeure en communion avec Dieu et je continue de faire le bien. Même s’il arrivait que le sorcier ait une certaine victoire sur l’homme et qu’il meurt, la mort physique n’est pas une victoire. En fait au-delà de tout ce qui peut être détruit comme corps, ce que satan, le diable (diabolaïm : c’est diviser) veut faire, c’est nous amener à aller vers lui par la peur et abandonner Dieu. Et c’est pour cela que même dans la mort du croyant qui est resté fidèle à Dieu, il y a une véritable victoire parce que le diable n’a pas réussi à le couper de Dieu, il est resté jusqu’au bout. Si vous faites le bien et que quelqu’un veut utiliser ce bien pour faire le mal, c’est maintenant lui de son côté, le mal qu’il fait avec ce que vous avez, comme dit Paul «Les charbons ardents qu’ils amassent sur sa propre tête, et c’est maintenant le jugement et pas plus tard. Celui qui rend en mal ce que vous lui avez fait en bien, celui-là se met en position négative et se détruit, le jugement est déjà prononcé par lui et pour lui. De façon contraire, quand vous voulez faire un don, il faut prier et demander à Dieu de bénir le don que vous faites pour que si quelqu’un veut le retourner contre vous, que cela ne soit pas retourné contre lui, mais que la grâce de Dieu neutralise cette force et que la personne puisse se convertir au besoin.
- En fait ce n’est pas l’âme que le sorcier mange. Dans l’anthropologie il y a plusieurs éléments : la peau, la chair, l’ombre, le double, la force vitale, l’âme. Ce que le sorcier prend pour ajouter au sien c’est la force vitale, c’est l’énergie de vie que le sorcier prend. Nous remarquons que cette personne maigrit de jour en jour et dit qu’ils l’ont attachée. Nous rejoignons la parole de Dieu qui dit : «Ne craignez pas ce qui peut tuer le corps et qui n’a aucun pouvoir sur l’âme, mais craignez plutôt ce qui a pouvoir de prendre et le corps et l’âme». Si vraiment nous vivons dans la foi, en principe le seigneur nous protège, mais si dans sa bonté il permet que tel ou tel puisse nous atteindre c’est à lui seul de décider. Nous sommes à lui car il peut utiliser le mal qui nous arrive pour nous faire grandir dans la foi et pour réaliser son œuvre de salut. Il faut, dans la foi interne, pour mûrir et être vraiment chrétien, pouvoir intégrer le mystère de la souffrance ; mais affronter la souffrance non pas dans la résignation mais dans la foi. Mettons toutes ces souffrances dans le calice de Jésus Christ et lui-même va les transformer par la puissance de l’Esprit en poudre de grâces qu’il va rependre sur nous et sur le monde et en faire l’occasion du salut du monde. C’est pour cela, l’apôtre Paul dit : «Dans ma chair j’achève la souffrance du Christ».
- La sorcellerie c’est le monde à l’envers. Le sorcier qui vient par cette position prendre la communion montre la perversité, l’état dans lequel il se trouve. Non pas que Dieu veut le détruire mais c’est lui-même qui se détruit et qui se manifeste par sa position, son néant et son négatif. Par le fait qu’il soit à l’envers, c’est exactement la position de la chauve-souris. Un mythe dit «dans notre tradition que la chauve-souris était une fois fâchée contre Dieu pour une raison. Elle dit donc à Dieu, comme c’est ainsi je ne te regarde plus et je vais vivre contre toi et t’ignorer. C’est depuis ce jour que la chauve-souris dort les pieds accrochés en l’air et la tête en bas. » Mais la leçon, c’est que lorsqu’elle dort et qu’il y a des besoins naturels pour honorer Dieu, elle fait tout sur elle et les déchets retombent sur elle. Celui qui se retourne contre Dieu se salit lui-même, se détruit lui-même. Le sorcier qui vient et nargue Dieu se nargue lui-même. Et nous le retrouvons dans les évangiles de Jean : «L’heure viendra où les vivants seront jugés et les morts sont déjà jugés ; les morts c’est ceux-là qui ont choisi le chemin du néant et qui ont pris la vie à l’envers» . Dans l’apocalypse, Dieu ne juge personne et ne condamne personne, chacun suit son chemin et aboutit aux conclusions de son chemin. Si vous avez choisi le chemin de la nullité vous finirez dans le village de la nullité.
- Messe noire : le fait même qu’on fasse de l’hostie une profanation, c’est un acte diabolique. Pour que la communion puisse agir elle a besoin de la foi. Or ici, il n’y a pas la foi donc la communion ne peut pas agir puisque Dieu ne s’impose pas par la force. Dieu ne peut pas transformer celui qui la prend. C’est là la puissance de l’humilité et de l’amour de Dieu. Il laisse chacun choisir son chemin, même si c’est un chemin qui mène dans le néant et ils vont jusqu’aux conséquences ultimes de leur choix. Ceux qui font ces pratiques se rendent eux-mêmes banales et l’avenir nul. Idem pour l’eau bénite.
- Les revenants en fait, pour faire court par rapport à notre foi chrétienne et surtout en notre foi en la résurrection de Jésus, ce que les revenants nous font saisir, c'est qu'en fait après la mort pour nous africains et pour la plus part des cultures africaines, la vie et notre vie ne finit pas avec la mort. Il y a une vie et vie réelle après la mort premier point, deuxième point c'est que quand nous mourrons, c'est vrai notre corps chair, notre corps ombre comme nous avons dit le double qui reste ici tout cela disparaît, mais le double astral, le double spirituel que nous avons et qui demeure après la mort et qui manifeste notre identité le fait que chacun de nous reste ce qu'il est reconnaissable dans l'au-delà, que nous demeurons ce que nous sommes mais de façon transformé et transfiguré après la mort.
C'est pour cela que quand quelqu'un meurt que ce soit à gniakanandougou ou que ce soit quelque part vers l'Est, il peut apparaître à quelqu'un et généralement la personne apparaît de sorte qu'on puisse la reconnaître soit par la voix, soit par un habit dans tous les cas on reconnaît la personne. Souvent, si ce n’est pas un geste ou bien c'est dire que l'identité continue. Troisième point à propos des revenants surtout avec les traditions ou on met des aliments dans la maison pour dire qu'il va revenir, c'est simplement pour dire que non seulement les morts sont vivants, que les morts sont avec nous identiques dans ce qu'ils ont été, mais qu'ils restent enlié avec nous, en communion avec nous. Et c'est cette communion qui fait que souvent il y a quand quelqu'un meurt surtout quand vous êtes attaché à la personne, la personne manifeste sa présence et on dit en langue il dit au revoir. C'est le signe de la communion et je crois que le fait que Jésus soit ressuscité, mais seulement l'impasse ou la foi chrétienne vient nous éclairé c'est que dans la foi ou dans les croyances africaines les revenants on ne sait pas trop ou ils sont, on dit souvent qu'ils vivent pour ceux qui sont en Côte D'Ivoire au Ghana on ne sait pas si c'est des réfugiés ou ils sont ailleurs et mènent une autre vie, ou ils vont chez les ancêtres ou alors on le voit avec son petit ballot avec son paquet en main mais toujours la tête baissée. Et puis, ce contact avec le revenant n'est jamais un contact tranquillisant.
Lorsque vous voyez ou bien si vous ne voyez rien du tout, et que par inadvertance vous êtes en face d'un revenant, il vous bouscule pour dire sa force d'être spirituel, il vous bouscule pour que vous quittiez le chemin parce que vous n'êtes plus de sa sphère. Il est plus puissant que vous. C'est toujours souvent une rencontre conflictuelle et un peu dangereuse. Et la foi chrétienne vient nous dire que la vie après la mort n'est pas une affaire de revenants seulement, qu'il y a une vie réelle que Dieu donne, qu'il y a une résurrection qui n'est pas réanimation de cadavre, qui n'est pas simple vie où l'on vivote ici et là quelque part dans un pays voisin, mais qu'il y a un lieu je veux dire un état, une relation ; nous sommes avec Dieu dans la gloire et tous ceux que nous avons connus, aimés, côtoyés que tous ceux qui ont vécu sont là dans la gloire et nous attendent pour la fête éternelle qui ne prendra pas fin.
Vous pouvez laisser un mot, poser une question ou même faire une suggestion. Nous en tiendrons compte.
PAR L’ABBE SINSIN BAYO.
Ce mot africain, sous-entend que nous avons nos racines ; deux protections valent mieux qu’une, il vaut mieux être protégé par Jésus-Christ, par la puissance de l’Esprit Saint et en même temps par les esprits, les ancêtres.
Alors cette situation nous interpelle et c’est pour cela que nous voudrions, étant donné que le fond de notre foi, qui fait la différence d’avec la plupart sinon d’avec toutes les religions qui nous entourent, c’est que, « c’est en Jésus-Christ et dans le nom de Jésus-Christ seul que nous avons le salut au ciel et sur la terre, et qu’en dehors de lui il n’y a pas d’autre salut ». Actes 4, 12.
Alors si Jésus-Christ est réellement le seul sauveur, pouvons-nous vraiment compter sur lui ? Car nous savons, qu’en tant que chrétien africain nous vivons dans le monde comme tous les autres et comme eux, nous sommes confrontés au problème de la sorcellerie.
La sorcellerie, à moins d’avoir été élevé en Europe ou ailleurs est une réalité évidente en Afrique ; et ceux qui veulent narguer les anciens, qui veulent narguer ce monde en payent souvent sévèrement le prix. Nous ne disons pas qu’il faille trembler tout le temps devant les forces du mal, mais du fait que ces forces existent, nous disons que l’expérience a montré que c’est un fait : la sorcellerie constitue hier comme aujourd’hui un danger, une menace permanente qui pèse sur tous les membres de nos communautés familiales, villageoises… . Personne n’est vraiment à l’abri des maladies incurables, à l’abri des accidents insolites, à l’abri des carrières professionnelles brillantes subitement brisées de manière inexplicable. Personne n’est à l’abri aussi, et beaucoup en font l’expérience, des blocages, des échecs, des dilapidations incompréhensibles des biens ; certains travaillent depuis des années et le compte est toujours au bord du rouge, ils n’arrivent pas du tout à réaliser quelque chose de concret.
Tout cela fragilise l’homme et fait peur. Personne n’ose aller au village de peur de voir son arrêt de mort être prononcé. La plupart des cadres qui dans certains lieux ont essayé l’inauguration de leur maison, la cérémonie a souvent coïncidé avec leurs propres funérailles.
Pendant que les autres se blindent, l’église invite ses fidèles à compter sur Dieu et sur Dieu seul ; cela pose de graves problèmes à de nombreux chrétiens. Compter sur Dieu seul certes, mais le chrétien est-il sûr d’être concrètement protégé par Jésus Christ, par son Eglise ?
Contre les attaques des sorciers, contre les jeteurs de sort, est-on sûr d’être à l’abri ?
Que doit-il faire face aux menaces, aux attaques des sorciers ? Est-il sûr que quelque part l’Eglise et surtout Jésus Christ va faire quelque chose, et comment ?
C’est à ces diverses questions que nous voulons donner des réponses en s’appuyant sur Dieu.
Nous ferons cette réflexion en trois grandes étapes et en deux séances :
- La réalité de la sorcellerie et les moyens de protection traditionnelle et moderne.
- Les armes des chrétiens contre la sorcellerie.
- Conditions pour être protégé efficacement contre les sorciers.
- Le phénomène de la sorcellerie
Ainsi, le sorcier au sens strict désigne une personne foncièrement mauvaise, habitée par une force maléfique et dont le propre est de nuire aux autres en utilisant les forces qui sont en lui et dans l’univers. En fait, nous pouvons dire que la sorcellerie est un savoir, une technique et une éthique.
- Sorcellerie vue comme science :
Le sorcier est une personne qui connaît l’univers et qui sait ce qui s’y passe, y compris ses lois. Il connaît le fonctionnement de l’univers et les forces secrètes qu’il contient. - Sorcellerie vue comme technique :
C’est la mise en mouvement de ces forces pour l’utiliser selon son objectif. - Sorcellerie vue comme éthique:
La sorcellerie est vraiment sorcellerie que seulement dans la mesure où ce savoir ou cette éthique est utilisée dans le sens de faire du mal. En dehors de cela on parle de magie blanche, c’est-à-dire les forces de la nature. Les forces à l’intérieur de l’homme sont utilisées pour amuser la galerie. Exemple : la magie pour se déplacer dans les airs. Ce n’est pas encore la sorcellerie au sens strict du terme. Dans la mesure où cette technique et ce savoir-faire sont utilisés contre quelqu’un pour le mal, alors en ce moment on est dans le cadre de la sorcellerie. - Structure et principe de la sorcellerie Le sorcier est l’individu qui s’investit totalement dans le mal et qui pour cela appartient à une société secrète, habituellement en lien avec le démon.
Ainsi la sorcellerie s’acquiert de diverses manières, mais dans cette sorcellerie étant donné que c’est une société, il y a donc une hiérarchie. Les sorciers forment un groupe bien structuré où l’on évolue en grade suivant l’importance des pouvoirs acquis, et à partir d’une initiation dont le prix varie selon l’importance du grade.
Il existe 32 degrés en sorcellerie subdivisés en 2 groupes de 16 esprits.
Le principe de la sorcellerie comme vous l’imaginez consiste essentiellement à nuire aux autres. Son principe fondamental c’est faire le mal pour le mal tout en sachant que cela est mal et de façon consciente. Plus ce que vous faites est pervers, plus vous êtes authentiquement sorcier. C’est ainsi qu’une femme va prendre le sang de ses menstrues comme huile rouge pour griller ses alocos en disant : « que tout homme qui ne vient pas d’une femme ne vienne pas payer mes alocos » ; ou une femme voulant attacher son mari va se mettre nue sur la sauce bouillante et laisse tomber ses viscosités intérieures dans la sauce ; à la suite de cela il devient comme un chiot obéissant.
La sorcellerie c’est vraiment l’univers de l’envers et c’est pour cela que le sorcier marche de manière générale sur les mains et agit la nuit au paroxysme des ténèbres, c’est la perversion radicale au point où il n’existe pas de bonne sorcellerie.
- Comment s’acquière la sorcellerie ? Comment devient-on sorcier ?
- Par hérédité : On naît sorcier, c’est une puissance, ce sont des pouvoirs, une prédisposition dont on prend conscience en grandissant. Ce pouvoir inné peut être transmis dans le sein maternel. Mais l’on ne devient capable d’exercer ce pouvoir que lorsque l’on vous le révèle et qu’on fortifie ces forces.
- Par révélation : Dans ce cas, un maître sorcier qui a décelé des pouvoirs particuliers chez l’individu lui lave le visage et lui fait boire une boisson spéciale qui active et consolide ces pouvoirs. De manière pratique, un vrai sorcier, ayant décelé les pouvoirs de cet individu, lui donne de la viande et après consommation, ce dernier se rend compte de ses pouvoirs mais il doit rembourser la viande mangée avec un membre de sa famille.
- Par achat : L’intéressé donne au sorcier ou au groupe de sorcier un parent proche ; l’adepte est invité au cours d’un repas pendant lequel on lui donne une substance qui lui donne envie de manger la chair humaine et de nuire à son entourage. La première des choses qu’on lui demande c’est d’offrir un parent proche qui lui est très cher, et il faut parfois que ce soit quelqu’un de très important sur qui tout le monde compte.
- Par initiation involontaire : L’on peut devenir sorcier par la consommation d’un produit ou généralement de la viande ; et c’est ce qui arrive à des personnes à qui l’on donne à manger dans le sommeil.
- Pourquoi la sorcellerie ? Les racines
La sorcellerie n’est pas du côté de Dieu. Les racines de la sorcellerie se trouvent dans les créatures : Satan et ses complices. Aussi ces racines sont fondamentalement dans l’homme. Dieu a créé la vie et a créé l’homme pour la vie et c’est toujours l’homme qui, utilisant mal les choses qui sont dans la nature, se rend coupable du mal qui est fait à autrui dans la société. C’est dans ce sens que nous croyons que les Africains pensent qu’il y a ni maladie naturelle ni mort naturelle, qu’il y a toujours quelque part la responsabilité de l’autre.
Et d’ailleurs, les vieux dans leurs proverbes disent que chacun de nous est sorcier dans la mesure où dans notre cœur nous avons des pensées perverses. Parfois, vous avez quelqu’un à l’hôpital et subitement une idée vous traverse, vous vous dites : « mais est-ce qu’il n’est pas mort » , c’est dire que l’assise de la sorcellerie se trouve dans l’homme.
Les raisons sociales de la sorcellerie
- Manque d’amour : La sorcellerie est toujours un acte de méfiance, elle est portée, suscitée et nourrie par la haine et par la jalousie.
- Le nivellement social : Les sociétés africaines sont des structures communautaires, on vit ensemble et la sorcellerie est une forme de justice sociale. Elle est produite par une société qui refuse la diversité, la différence entre les personnes et qui pour cela élimine ceux qui veulent surpasser les autres ou émerger. Vous pouvez être au niveau de tous ceux qui sont au village ou dans la région, vous pouvez être en dessous, on ne vous en voudra pas, mais il ne faut pas émerger car celui qui émerge on le nivèle par le bas.
- La peur de l’autre : Nous, sociétés africaines, nous sommes marquées de part et d’autre par la peur. On pense toujours que l’autre est un danger potentiel et même notre soit disant solidarité ou communauté sont des calculs, car l’on se rend des services avec remboursement. La solidarité, l’hospitalité, le sens communautaire sont des jeux stratégiques. On a surtout peur de l’autre et de son émergence.
- La non-connaissance de DIEU : On dit habituellement que les africains sont des hommes très religieux, là encore en regardant notre société d’une manière critique, l’on se rend compte que nous connaissons DIEU certes, mais que cette relation n’est que stratégique. DIEU est connu comme un organisateur mais l’homme fondamentalement est laissé à lui-même et vit une sorte de peur, de peur ontologique et de peur dans l’être et dans la vie. Il se sent à découvert dans un monde hostile et tout ce qu’il organise depuis sa foi en DIEU jusque dans le culte des esprits, c’est faire alliance avec les forces cosmiques, les forces transcendantes, les forces de l’univers invisibles pour garantir sa sécurité. Pour cela, il n’a aucun sentiment pour ceux qui attenteraient à sa vie. Ainsi, lorsqu’un individu met un fétiche dans sa maison en disant : « Que tous ceux qui entreront dans cette maison et qui en voudront à ma vie, toi le fétiche, tues les, même que ce soit mon premier enfant peu importe ». L’africain est tourné vers lui-même et le fait qu’il ne connaisse pas bien DIEU comme relation personnelle, pour lui, DIEU est loin et n’a pas de relation personnelle avec lui ; il est simplement celui qui intervient de temps en temps et de ce fait, il lui fait appel autant qu’il fait appel aux esprits et toutes sortes de puissances qui peuvent l’aider. Et si vous voyez bien les sources de sécurité que nous avons sont accumulées et ne se combattent pas entre elles. On peut aller chercher un fétiche puissant au Burkina comme on peut aller à Man ou à Touba et on les accumule, pourvu qu’on soit suffisamment blindé.
Nous n’avons pas de relation personnelle et sécurisante avec DIEU. Le visage que nous avons de DIEU est un visage flou, telles sont, en général les raisons sociales de la sorcellerie.
- Que font les sorciers ? comment agissent-ils ? comment atteignent-ils leurs victimes ?
Il y a plusieurs procédés :
- L’empoisonnement : Ils font appel aux forces de la nature comme le poison simple, Ex : La bile de caïman. Ils peuvent agir par contact invisible en entrant dans la maison de façon invisible ou peuvent aussi suivre tous vos mouvements à partir de l’endroit où ils se trouvent, au village ou ailleurs en regardant dans leur miroir magique. Il y a aussi des radars et donc dire que je ne vais pas au village, je suis ici tranquille, rassure psychologiquement mais sur le plan pratique cela ne gène en rien votre destruction. Souvent ils entrent dans la maison et cela est ressenti par une présence froide ; ou vous dormez et vous avez un sentiment de lourdeur, vous voulez vous levez impossible, vous criez aucun bruit ne sort.
- Les maléfices : C’est le procédé par lequel l’on fait appel au démon pour nuire à une personne donnée. Le maléfice peut être un sort direct appliqué à la personne ; il peut être aussi indirect c’est-à-dire en agissant sur un objet. Ex : On peut prendre une poupée qui représente symboliquement la personne et pointer un clou dans la poupée, les mêmes douleurs sont ressenties par la personne. Ou on enroule une poupée dans une banderole et on la met dans une valise qu’on boucle avec un cadenas et c’est la personne qui vient d’être enfermée dans ses biens, dans son avenir à jamais. Comme aussi on peut mettre l’intelligence des enfants sous un caillou et tant qu’on n’a pas soulevé les cailloux l’enfant stagne. De l’argent aussi qu’on donne peut être utilisé pour briser votre pouvoir économique. Les chaussures, les cheveux et même les traces de pas. C’est aussi par un regard : Quelqu’un qui vous regarde de manière bizarre avec les yeux rouges ou vous impose les mains ; une incantation, un rite…. , tout ceci peut être utilisé pour faire du mal.
Sur la personne, ils agissent par la manducation du double : c’est en ce sens qu’on dit que les sorciers l’ont mangé ; là aussi il faut comprendre l’anthropologie, la manière de comprendre l’homme par l’africain est que l’homme est représenté par la peau, la chair, l’apparence physique, l’ombre, le double du corps qui est le corps spirituel, la force physique, la force vitale et l’âme. Et dans tout cela, ce que le sorcier subtilise c’est la force vitale pour augmenter son potentiel de vie, et pour le faire, il transforme la personne en poulet ou en agouti et la mange.
Ils agissent aussi par la maladie ; on ruine cette dernière par la maladie et la personne passe son temps à se soigner, c’est l’annihilation existentielle c’est-à-dire on réduit la personne à rien, elle n’est pas morte, elle n’est pas vivante.
Le blocage de l’intelligence, le blocage de l’avenir, la personne ne peut pas avancer dans la société, au travail, à l’école…
Il y a également l’envoûtement où la personne peut devenir folle ou frappée de vagabondage.
Il y a aussi les dépenses des biens, on troue la main ou la poche de la personne, et aucun bien ne reste, aucune réalisation possible.
Les sorts ; le sorcier peut rendre la personne détestable, l’on est comme frappé par la haine des autres, l’on est détesté par tout le monde, au travail, au foyer…
Le sort peut également obliger quelqu’un à devenir coureur de jupon ou coureuse de culotte. Instabilité conjugale, les séparations constantes avec apparition de mari ou de femme de nuit qui empêche parfois d’avoir des enfants.
Ils sont multiples :
- Le dédoublement : c’est la possibilité de sortir du corps, de laisser l’enveloppe du corps, de partir avec le double pour agir de manière invisible.
- L’usage de médium : On utilise des personnes qui, des fois, ne sont pas des sorciers pour en faire des chevaux. Exemple : Pour certaines personnes il arrive qu’au levé le matin, elles se sentent fatiguées avec des courbatures partout ou des jambes lourdes… c’est qu’il y a eu chevauchée nocturne.
- Il peut arriver que le sorcier utilise des bêtes comme la guêpe, le serpent et en particulier les milles-pattes qui sont utilisés comme des TGV, les libellules utilisées comme des hélicoptères etc.
- Quels sont les moyens de protections traditionnelles et modernes ?
- Les moyens traditionnels :
- Il y a les devins qui sont dans ce monde et qui voient comment ce monde fonctionne ; ces derniers donnent des puissances pour contrecarrer les sorts qui nous sont lancés.
- Il y a les féticheurs et les fétiches : Le féticheur c’est celui qui se met du côté de la partie civile, qui se constitue donc en protecteur et qui est en lien avec les esprits capables de lutter contre les autres esprits. Ce sont eux qui nous font les ceintures de sécurité, les fétiches qu’on accroche dans les maisons et à qui nous donnons à manger.
- Il y a les chasseurs de sorciers : Ce sont des hommes, des sorciers également qui ont pour mission d’aller contre d’autres sorciers et qui engagent parfois des combats titanesques, des combats à armes lourdes. Généralement, le chasseur de sorciers quand il saisit un sorcier, le marque d’un seau dans le monde de la sorcellerie.
- Il y a les masques chasseurs de sorciers : Ils viennent dans le village et peuvent reconnaître non seulement les sorciers mais aussi déterrer toutes leurs armes.
- Il y a aussi les médicaments de blindage, les contre-poisons, les médicaments contre les maléfiques, contre les accidents. Ce sont généralement des bagues. Il faut dire que ces médicaments sont à usage personnel.
- Les moyens traditionnels :
- Les moyens de protection moderne : Pour avoir une protection, il y a beaucoup de personnes qui vont dans les associations exotériques comme par exemple la franc-maçonnerie, la rose-croix où justement des méthodes de méditation et même d’initiation vous sont enseignées ; méthodes, qui après, vous conduisent à une étape que vous ne maîtrisez plus et vous mettent en contact avec un monde invisible que vous ne pouvez pas contrôler. Il y a comme une sorte de puissances que vous avez pour maîtriser le monde autour de vous et entrer dans le monde astral. Vous pouvez diriger la pensée de quelqu’un. Ils font toujours leur méditation à la maison ou sur l’autel où personne ne doit y aller.
Ces mouvements et associations permettent aujourd’hui aux cadres d’avoir une certaine assurance pour la domination sur l’ennemi ou pour être au-dessus de tous.
Il y a aussi d’autres moyens qui sont proposés par des sectes ou par les églises africaines indépendantes où l’on dit : « Venez dans cette communauté et la lutte contre le démon sera une victoire » et pratiquement tout est infesté par le démon. Les gens pensent que les puissances du mal sont toujours à l’œuvre, jusque dans les moindres choses et que ce sont les parents qui sont porteurs du virus de la sorcellerie. L’on est constamment entrain de faire des prières de délivrance sur des personnes.
Les limites des moyens de protection traditionnelle et moderne
- Quand on a des problèmes on est toujours tenté d’aller voir les parents au village en se disant « et puis après tout on veut la santé et DIEU ne peut pas être contre la santé quelque soit les moyens par lesquels on a cette santé ou cette réussite ». Ce que nous constatons, c’est quand utilisant ces moyens nous sommes dans cette sensation de peur permanente, créée par les moyens traditionnels. En allant chez le marabout ou chez le féticheur, il vous dira : « C’est un membre de votre famille pas trop grand, pas trop court, pas trop clair, pas trop noir qui vous veut du mal », et cela sème le trouble dans la tête ; quand vous arrivez à la maison vous commencez à voir les teints, à tirer les conclusions et les attitudes conséquentes.
- Climat de méfiance et règne de soupçon : On soupçonne même sa propre femme ou son propre mari et on préfère manger ce que sa bonne prépare et pas sa femme.
- La division et la haine
- La volonté de vengeance
- La ruine économique, parce qu’il faut consulter constamment
- La sécurité n’est jamais totale parce qu’on est toujours entrain de chercher le blindage le plus fort avec son cortège de totem
- Le mal n’est jamais vaincu et en prenant des fétiches on se livre à des esprits, des alliances et beaucoup de personnes en paye aujourd’hui le prix. On se met dans un circuit d’esclavage, de prison et de chantage. Les féticheurs et les devins vers lesquels nous allons sont en fait les mêmes acteurs du monde du mal et ne font que reculer le délai de votre mort ; vous donnez un mouton, ils le donnent de l’autre côté.
Les limites des groupes exotériques :
- L’exaltation de l’homme et de son pouvoir.
- Le pouvoir qu’on acquiert est un pouvoir fragile. Vous pouvez faire une méditation transcendantale et entrez en contact avec les corps astraux mais si vous n’avez pas la maîtrise, vous signez des pactes avec les forces qui ne sont jamais clairement bien définis. Sauf les grands maîtres finissent par rencontrer le maître de l’occultisme. Après avoir subi ces initiations, il y a une étape non retour.
- Ce sont des primes magiques que vous recevez au lieu de s’offrir à la puissance de l’Esprit Saint.
Vous avez remarqué dans nos églises catholiques, maintenant les intentions que nous donnons aux Eucharisties tournent autour de ceci : messe de demande, d’assistance, d’aide et de protection ; et si jamais les gens demandent quelque chose en plus, comme la conversion, ce n’est pas de leur propre conversion qu’il s’agit, mais la conversion de l’autre. L’Afrique a une mentalité d’accusateur, on ne se met pas en face de soi pour être responsable, le mal c’est l’autre. Il faut que nous allions à cette vérité humaine pour une libération fondamentale. Dans Jn 8, 32 « La vérité vous rendra libre ». Tant qu’il n’y aura pas cette vérité, nous ne pourrons jamais être libres même dans l’église catholique. Alors nous disons qu’il faille absolument laisser tout cela, et se tourner vers Dieu. Est- ce par rapport à tous ces sorciers qui nous entourent, à la réalité du mal, que Dieu nous protège? Est-ce que nous pouvons être sûrs que nous n’avons pas fait le mauvais choix et que lorsque le tonnerre gronde, le paratonnerre est là pour nous protéger, et que nous sommes à l’abri ? Est-ce que Jésus Christ peut nous sauver ?
II-Les armes des chrétiens contre la sorcellerie.
Une chose est sûre, les sorciers agissent, mais ils ne sont pas plus forts que Dieu.
Dans l’église et selon la foi chrétienne, c’est Dieu lui-même qui personnellement protège le croyant et assure son salut. Pour le peuple d’Israël autrefois et pour les chrétiens d’aujourd’hui, la protection n’est pas assurée par autre chose, par un esprit, par une créature, mais par Dieu lui-même. On avait autrefois une ceinture qui, bien sûr serrait les reins, donc donnait un sentiment de sécurité, mais aujourd’hui c’est Dieu lui-même en personne qui assure notre sécurité de proximité. En effet, il est vain de compter sur une créature, de fonder sa sécurité sur un être de chair, c’est une illusion.
Dans nos traditions, il est dit que le fétiche le plus puissant ne peut pas garder son propriétaire contre la mort ; quand on enterre ce dernier, le fétiche va en héritage à quelqu’un d’autre. Il faut compter sur le seigneur lui-même, telle est la grande recommandation du psalmiste, et je cite : « Il n’est pas de roi qui sauve une grande armée, ni de brave qu’une grande vigueur délivre. Pour vaincre, le cheval n’est qu’une illusion, toute sa force ne permet pas d’échapper, mais le seigneur veille sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent en sa fidélité pour les délivrer de la mort et les garder en vie devant la famine. Nous, nous attendons le seigneur, notre aide et notre bouclier. La foi de notre cœur vient de lui, notre confiance est en son nom très saint. Que ta fidélité seigneur soit sur nous, comme notre espoir est en toi. » Ps 33, 16-22.
Dieu est l’unique protecteur et sauveur des croyants, parce qu’il l’a promis et réalisé à la fois dans l’ancien testament et dans le nouveau. Comme il n’est pas un Dieu du passé, comme il n’est pas non plus un Dieu qui seulement a été fidèle autrefois, il est aussi un Dieu qui est et demeure fidèle dans ses promesses. Il ne laisse jamais ses amis dans la honte et dans l’impasse.
- Dans l’ancien testament
Lorsque Dieu dans sa bonté choisit librement Abraham, son protecteur, son garant, il devient son avenir. Et voilà ce que Dieu dit : « Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai, je rendrai grand ton nom, soit en bénédiction, je bénirai ceux qui te bénirons, et je bafouerai qui te bafouera, je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Gn 12, 2-3.
Nous reviendrons constamment à la bible et à la Parole de Dieu qui nous assurent que c’est lui notre protecteur.
Face à la souffrance du peuple d’Israël en Egypte, Dieu ne resta pas insensible. Il voit cette misère du peuple et descend pour l’en délivrer. Il dit à Moïse : « J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte, et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances, je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau pays, un vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel. » Ex 3, 7-8.
Au peuple d’Israël qui a peur à cause de ses voisins qui sont des peuples puissants, Dieu leur demande de ne plus craindre, et qu’il est son sauveur.
Le seigneur le dit à Israël : « Moi qui t’ai créé, Jacob, qui t’ai formé, Israël, Ne crains pas, car je t’ai racheté. Je t’ai appelé par ton nom : tu es à moi. Si tu passes à travers les eaux, je serai avec toi, à travers les fleuves, ils ne te submergeront pas. Si tu marches au milieu du feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te calcinera plus en plein milieu, car moi le seigneur, je suis ton Dieu, le Saint d’Israël ton sauveur. » Is 43, 1-3.
A ces paroles rassurantes du Seigneur, qui rappellent ce que Dieu disait lui-même, lorsqu’il disait qu’il allait revenir pour prendre le peuple d’Israël en main et en être le Berger ; A ses paroles répondent des paroles du psalmiste qui se sent en sécurité sous la garde et dans la protection de Dieu. Voir Ps 23, 1-4.
Quand le croyant en difficulté pense que Dieu l’a abandonné dans la souffrance, Dieu le rassure. Dieu est toujours présent auprès de lui, et là encore la parole de Dieu dit : « Sion disant : Le Seigneur m’a abandonné, mon Seigneur m’a oublié. La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t- elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair, même si celle-là oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. Voici que sous mes paumes je t’ai gravé, que tes murailles sont constamment sous ma vue. » Is 49, 14-15.
A Israël qui souffre de la déportation et dont l’avenir est bloqué, Dieu annonce et promet la libération. Ainsi parle le Seigneur Dieu : « Je vais ouvrir vos tombeaux, je vous ferai remonter de vos tombeaux, oh ! Mon peuple, je mettrai mon souffle en vous pour que vous viviez, je vous établirai sur votre sol et vous reconnaîtrai alors que c’est moi le Seigneur qui parle et qui accompli. » Is 37, 12-14.
Dieu est Puissant. Il est le sauveur de son peuple, et l’a manifesté dans l’ancien testament en faveur de son peuple d’Israël.
Avec Jésus Christ, Dieu n’est plus loin de son peuple agissant de manière invisible ou par l’intermédiaire de ses prophètes, et de ses rois. Il réalise de manière concrète et personnelle ce qu’il a dit autrefois à Moïse : « J’ai vu la misère de mon peuple et je suis descendu pour l’en délivrer. » En effet, selon l’évangéliste Jean, « au commencement était le verbe, et le verbe était tourné vers Dieu. Le verbe était Dieu. Le verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». D’après le témoignage de Jean, le verbe de Dieu c’est Dieu lui-même, c’est sa pensée profonde, c’est son cœur, autrement dit, c’est l’amour vivant et sauveur de Dieu qui est en lui. C’est ce Dieu puissant qui est venu dans ce monde pour manifester son amour au monde et mettre en œuvre sa puissance, son amour, pour sauver les hommes et leur accorder la plénitude du salut. C’est ce que nous professons dans le credo quand nous disons, pour nous et pour notre salut il est descendu du ciel. Jésus dans l’évangile de Jean se présente comme le vrai Berger, le vrai Protecteur des hommes, avec lui les croyants sont en total sécurité, et il déclare : « Moi roi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils aient en abondance. Je suis le bon Berger, je me dessaisis de ma vie pour les brebis, je leur donne la vie éternelle, elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main. Mon père qui me les a donné est plus grand que tout, et nul n’a le pouvoir d’arracher quelque chose de la main de mon père, et moi et mon père nous sommes un. Puissance inégalable. » Jn 10, 14-15 ; Jn 10, 28-30.
Pendant ce ministère Jésus appelle à lui, tous ceux qui souffrent pour les libérer : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, je vous libérerai et je vous donnerai le repos ». En lui, Dieu est présent avec nous et pour nous, pour nous guérir de nos maladies, pour nous libérer des forces du mal, pour détruire nos péchés et détruire la souffrance, et c’est cela le paradoxe. En effet de manière paradoxale et définitive, Dieu dans la puissance de l’Esprit, dans la mort et de la résurrection de Jésus, a détruit de l’intérieur la mort et toutes les puissances de mort. En lui, Dieu a réalisé la parole, la parole originelle que rapporte l’attoungblan, le tam-tam parleur des peuples Akan. Ainsi résonne l’attoungblan en disant cette parole : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent ; en dernier lieu, Dieu créa la mort et la mort avala Dieu. Dieu grignota et grignota la mort ; de l’intérieur du ventre de la mort, Dieu grignota et grignota la mort. Puis grignota et tua la mort, depuis ce jour-là Dieu est le Seigneur de la vie et Maître de la mort ».
Dieu est grand et Dieu est Dieu, et tout le reste est créature. Avec ce Dieu fort et puissant à nos côtés, de notre côté, de quoi et de qui pourrions-nous avoir peur ?
En effet, continue le psalmiste au Chapitre 91 : « Celui qui habite là où se cache le très haut passe la nuit à l’ombre du souverain. C’est lui qui délivre du filet du chasseur, et de la peste pernicieuse. De ses ailes il te fait un abri, et sous ses plumes, tu te réfugies. Sa fidélité est un bouclier et une armure, tu ne crains ni la terreur de la nuit, ni la flèche qui vole au grand jour, ni la peste qui rode dans l’ombre, ni le fléau qui ravage en plein midi. S’il en tombe mille à ton côté et dix mille à ta droite, tu ne seras pas atteint. Tu as fait du très haut ta demeure, il ne t’arrivera pas malheur. Aucun coup ne menacera ta tente, car il a chargé ses anges de te garder en tous tes chemins. Ils te porteront dans leurs bras pour que ton pied ne heurte aucune pierre. Tu marcheras sur le lion et sur la vipère, tu piétineras le tigre et le dragon. Ainsi, est la puissance du seigneur, et la puissance de celui qui met sa confiance en lui ». Ps 91, 1-3.
Dieu protège les hommes, les croyants par sa personne. Comment ?
Dans la bible, l’expression « ne crains pas », revient 366 fois. C’est comme si Dieu disait chaque jour de l’année au croyant « ne crains pas ». Lorsque le fidèle, par la foi accueil le Fils, c’est en même temps le Père et le Fils qui viennent demeurer chez lui. « Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon père l’aimera, nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure » Jn 14, 23.
« Par la puissance qui est en lui, et par la puissance par laquelle il guérit les malades, chasse les esprits, ressuscite les morts, Jésus Christ met les croyants à l’abri de tout mal ». Lc 6, 17-19.